Les autorités municipales sont responsables de l’assainissement des eaux usées et, par extension, des déversements des eaux non traitées directement dans le fleuve Saint-Laurent, mais elles ont beau jeu : la population est préoccupée par la qualité de l’eau qui entre dans leur résidence, mais se fout de ce qui advient des eaux de leur toilette qui se retrouvent dans le système d’égout. Devant cette indifférence de la population, les politiciens de tous les niveaux n’hésitent pas à se faire discrets lorsque des déversements se produisent directement dans le fleuve Saint-Laurent.
Il y a quelques années, lors du déversement de huit milliards de litres d’eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent par la Ville de Montréal, ce déversement serait passé inaperçu si ce n’était d’un avis qui avait été rendu public par une association nautique. Il a fallu qu’un organisme comme une association nautique attire l’attention des médias sur le sujet. Je me suis demandé où pouvaient bien être nos journalistes d’enquête, ces protecteurs auto proclamés du bon peuple, pour avoir manqué une telle nouvelle. Dans le même article, j’apprenais que la Ville de Montréal avait effectué des déversements de la même ampleur en 2003 et en 2005. Environnement Canada était au courant, mais avait omis d’en informer la population, tout comme la ville de Montréal d’ailleurs. Dans un autre article, j’apprenais, grâce à la Fondation Rivières, que 52 794 déversements avaient été comptabilisés en 2020.
Notre ministère de l’Environnement a demandé aux municipalités de ne pas augmenter le nombre de déversements au-delà du niveau de 2014. À remarquer qu’ils parlent de ne pas augmenter et non de réduire. Après le 1er janvier 2030, le ministère avertit qu’il sévira contre les municipalités qui n’auront pas atteint cet objectif. La Fondation des Rivières dénonce cette directive avec raisons. Les ministères, tant à Québec qu’à Ottawa, travaillent en silo. En d’autres mots, ils ne se parlent pas entre eux. Le ministère de l’Environnement peut bien émettre ses directives, mais si le financement des paliers supérieurs ne suit pas, les municipalités ne pourront pas atteindre cet objectif. Si la population ne se révolte pas, la situation ne changera pas.
J’écrivais au début du texte que les déversements d’eaux usées dans le fleuve ne semblaient pas inquiéter la population. Ces déversements peuvent avoir des conséquences et je m’en voudrais de passer sous silence le Sewergate Scandal dont la ville de Hamilton est à l’origine. La ville possède neuf réservoirs de débordement qui servent à recevoir les eaux usées excédentaires lorsqu’il y a de fortes pluies. Ces réservoirs servent à entreposer les eaux usées jusqu’au moment où elles peuvent être traitées. En janvier 2014, l’un de ces réservoirs fut laissé ouvert et les eaux usées se sont répandues dans un site historique national du nom de Cootes Paradise qui fait maintenant partie des Jardins botaniques royaux à Hamilton. Si les autorités avaient agi avec assiduité, il n’y aurait pas eu de scandale, mais la brèche dans le réservoir ne fut découverte qu’après plusieurs années. Ce n’est qu’en 2018, après qu’un citoyen eut dénoncé la pollution des berges (je passe la description des objets qui s’y trouvaient) que le ministère de l’Environnement ordonna une inspection. Le coût pour nettoyer les dégâts dépasse les 6 millions $. Plus de 8 milliards de litres avaient été déversés par la ville de Montréal ; à Hamilton, plus de 24 milliards ont été déversés. Si on se compare, on se console ? Non ! Ce n’est pas une excuse.
Pour ceux qui aimeraient avoir plus de détails, je vous invite à lire un article du magazine The Walrus, édition mars/avril, Inside Hamilton’s Sewergate Scandal, par Nathan Whitlock.
Quand on parle d‘eaux usées, est-ce que les égouts pluviaux sont inclus ou s‘agit-il seulement d‘égouts domestiques et industriels?
Si je comprends bien le système, lorsqu’il y a débordement des égouts pluvieux durant de fortes pluies les excédents sont dirigés vers les égouts domestiques et industriels. Si eux débordent il y a déversement directement dans la fleuve.