Longueuil, dernière de classe.

Dans mes deux derniers blogues, je me révoltais devant le nombre de déversements d’eaux usées effectués directement dans le fleuve Saint-Laurent. Vous comprendrez mon désarroi lorsque j’ai appris que la ville de Longueuil se retrouvait comme l’une des principales coupables.

Je vis à Saint-Lambert dans l’agglomération de Longueuil. Nous ne faisons pas partie de cet agglomération par choix, mais parce que le gouvernement du Québec nous l’a imposé. Lorsqu’à l’étranger, je déclare que je suis de Montréal même si ma demeure est située dans l’agglomération de Longueuil. Je me sens comme un Lambertois, d’abord, et un Montréalais ensuite. Je n’arrive pas à ressentir un sentiment d’appartenance pour Longueuil encore moins lorsque j’apprends que Longueuil est la dernière de classe lorsqu’il s’agit des déversements d’eaux usées non traitées dans le fleuve Saint-Laurent. Je me console en me disant qu’au moins Saint-Lambert est en amont de l’usine d’épuration qui se situe sur l’Île Charron et je plains les villes (Boucherville, Varennes…) qui se situent en aval de l’usine.

Dans un récent article du Journal de Montréal (20/04/2022), les journalistes nous dévoilaient les 20 pires délinquants environnementaux au Québec. La majorité des infractions environnementales demeurent impunies et moins de 10 % entraînent des sanctions. L’article nous donne une liste des 20 plus grands délinquants de l’environnement. Longueuil se retrouve au dixième rang avec une amende de 193 415 $ à la suite de la crise de l’eau en 1995. Une fuite de deux réservoirs avait déversé près de 28 000 litres, dont 7000 litres, dans le fleuve Saint-Laurent et une autre quantité dans l’eau potable. La ville avait attendu 24 heures avant de diffuser un avis de non-consommation. La seule autre municipalité qui apparaît sur la liste de délinquants est la ville de Shawinigan. Si seulement 10 % des infractions sont punies, de toute évidence, Longueuil était coupable d’une négligence sérieuse.

Longueuil, en 2020, a effectué 1013 déversements d’eau non traitée directement dans le fleuve et l’année 2022 s’annonce comme mauvaise à un point tel que les municipalités en aval de l’Île Charron ont été avertis. Des travaux au centre de traitement de Longueuil pourraient mener au déversement de 300 millions de litres d’eaux usées non traitées dans le fleuve. Cependant, ces déversements ne surviendront que s’il y a des pluies abondantes. Il n’en demeure pas moins que, selon la Fondation Rivières, Longueuil est l’une des plus grandes émettrices d’eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent.

Mais nous pouvons être rassurés, la mairesse Catherine Fournier a déclaré, au micro de Paul Arcand, que ces déversements ne surviendront que s’il y a de fortes pluies et elle ne croit pas qu’il y en aura. Voilà une mairesse qui est en mesure de prévoir la température à venir malgré les effets des changements climatiques. Pourtant, les déversements effectués par Longueuil ont dépassé les 1000 par année en 2019 et en 2020.

Des travaux importants (101 M$) sont planifiés pour moderniser les installations d’eau potable et d’eaux usées sur le territoire de l’agglomération. Ces montants serviront, entre autres, à moderniser les équipements de traitements des eaux usées. Dans les documents que j’ai consultés, je n’ai pu découvrir si des travaux seraient effectués pour réduire le nombre de déversements, mais la mairesse demande aux citoyens de réduire leur consommation d’eau durant les travaux de façon à réduire les déversements durant les fortes pluies. S’il y a déversements, ce sera donc la faute des citoyens.

La mairesse n’est pas la seule à se foutre du problème des déversements. La ville a obtenu l’autorisation du ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques pour les travaux et a reçu du même ministère l’autorisation d’effectuer des déversements dans le fleuve. Une question me vient à l’esprit : le ministère de l’Environnement avait-il autorisé les 1013 déversements effectués en 2020 ?