Pour un agriculteur ?

Dans mon blogue précédent, je vous faisais part des efforts de la ville de Varennes pour rendre accessible à la population l’île de Sainte-Thérèse. Dans ce dossier, plus de 100 squatters ont été forcés de quitter les lieux.   Pendant ce temps au parc national des Îles de Boucherville, un agriculteur, un seul, tient tête aux écologistes qui tentent de terminer le projet de faire de ce territoire une véritable aire protégée au bénéfice des 4 millions de personnes qui demeurent dans la région métropolitaine.

Le gouvernement du Québec a acquis les Îles-de-Boucherville dans les années 1970, pour les protéger d’un développement immobilier, planifié par le maintenant célèbre Luc Poirier (terrain Northvolt, Dans l’œil du dragon). Il n’y a pas de doute que les îles représentaient un endroit idéal pour la construction d’immeubles résidentiels de haute densité, mais il représentait aussi un actif inestimable pour la population. Durant les années qui ont suivi cette acquisition, des pressions ont été exercées pour compléter la transformation et permettre la reconstitution d’une forêt, mais une grande partie des îles demeure toujours une zone agricole occupée par un seul agriculteur.

J’ai grandi à Saint-Lambert et je me souviens encore de mon père qui se rendait à Boucherville pour acheter le fameux maïs des îles de Boucherville. C’était apparemment le meilleur. Ce maïs avait toute une réputation et il a servi d’excuse pour justifier le maintien de l’agriculture sur les îles même si l’agriculteur, qui occupait l’endroit, avait abandonné la culture du maïs en raison de l’abondance de chevreuils. Il n’en demeure pas moins que le gouvernement du Québec a signé un bail de 15 ans avec cet agriculteur jusqu’en 2033. Pour justifier leur action, le gouvernement a insisté pour que l’agriculteur « pratique une agriculture durable, exemplaire et respectueuse des milieux naturels. » Un expert en communication a dû pondre cette explication qui représente un spin trop évident.

Dans ce dossier, l’appui du maire de Boucherville Jean Martel en faveur du maintien de l’agriculture dans le parc National des Îles par la famille Van Velzen demeure un mystère. J’ai de la difficulté à accepter la motivation derrière cet appui. Le maire Martel maintient que son objectif est de protéger la culture du maïs parce que ce dernier est considéré comme un produit patrimonial important pour Boucherville. Franchement.

Les Îles-de-Boucherville représentent un site exceptionnel et un habitat diversifié composé de forêts, de marais et de prairies. Les îles représentent un refuge important pour les oiseaux migrateurs. On y trouve 260 espèces d’oiseaux, une population de chevreuils qui eux aussi apprécient le maïs des îles au grand dam de l’agriculteur. Il est aussi possible d’y voir le castor et le renard roux. Les terres agricoles devraient être retournées à la nature grâce à la plantation d’arbres et de végétation pour favoriser la régénération des écosystèmes pour les futures générations. Pour ceux qui maintiennent que cette régénération pourrait prendre cent ans, j’aimerais leur rappeler que ce n’est rien dans la vie du fleuve qui est là depuis des milliers d’années.

6 réflexions au sujet de “Pour un agriculteur ?”

  1. 2033 n‘est vraiment pas loin dans la vie du fleuve qui est là depuis des milliers d’années donc on peut facilement attendre la fin du bail pour le retour à la nature ou essayer de trouver une solution mitoyenne entre l‘agriculture et le retour à la nature en anticipation d‘un nouveau bail. Malheureusement, comme c‘est trop souvent le cas, on attends que le bail (ou le contract de travail) soit échu avant d‘entreprendre des négociations ce qui a souvent des répercutions négatives.

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  2. Il y a de quoi se poser des questions!! Franchement un peu de respect pour la nature monsieur le maire!! « Les terres agricoles devraient être retournées à la nature grâce à la plantation d’arbres et de végétation pour favoriser la régénération des écosystèmes pour les futures générations »!

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  3. Merci de soulever cette situation déplorable, d’autant plus qu’avant le bail à l’agriculteur jusqu’à 2023, une collègue et moi avions travaillé sur une plan de restauration des des écosystèmes des îles de Boucherville. Les années perdues font en sorte que le roseau commun a envahi les îles et que la population de cerfs a explosé faisant en sorte que la régénération naturelle est compromise. Il faudra beaucoup d’efforts et de ressources pour y arriver et je ne suis pas certaine que la SEPAQ sera tentée d’investir dans une telle entreprise.

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  4. Pourquoi faut-il se battre autant pour protéger notre planète. Les îles de Boucherville contiennent une grande quantité d’asclépiades dont dépend le papillon monarque pour sa reproduction.

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