Impossible à prédire.

Les homards de l’état du Maine envahissent le golfe du Saint-Laurent à la recherche d’eau plus froide. Pendant ce temps, nos crevettes nordiques disparaissent en partie à cause du réchauffement des eaux de ce même golfe. Ma première réaction devant ces phénomènes est de chercher à savoir ce que font nos gouvernements devant ces phénomènes. C’est un vieux réflexe. J’ai vécu les années de la Révolution tranquille suivies des années de l’état paternaliste où les politiciens et les fonctionnaires nous faisaient croire qu’ils avaient des solutions à tous les problèmes. Aujourd’hui, nous demeurons tous sceptiques face à un gouvernement qui nous laisse encore croire qu’il possède des solutions à tous les problèmes.

La réalité est toute autre. Devant les conséquences inattendues et imprévisibles des changements climatiques, les gouvernements ont perdu leurs moyens. Malgré ce constat, le gouvernement continue à tenter de préserver son statut d’état paternaliste. Il existe à Québec un ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. En plus court, le MELCCFP. Les bureaucrates aiment les acronymes. Ce ministère se donne comme mission « d’assurer la protection de l’environnement et des écosystèmes naturels en vue de contribuer au bien-être des générations actuelles et futures. » Avec les changements climatiques qui sévissent partout dans le monde, je ne voudrais pas me trouver dans les souliers du ministre Benoit Charette, responsable d’un ministère qui se donne une telle mission.

Je me posais la question de savoir ce que le gouvernement ferait face à la migration des homards de l’état du Maine vers le golfe du Saint-Laurent. J’ai eu ma réponse lorsque la ministre fédérale des Pêches, des océans et de la Garde côtière, Diane Lebouthillier a annoncé l’émission 25 permis dits exploratoires de pêche au homard sur la Côte-Nord dans une zone entre Tadoussac et Natashquan. Elle a expliqué que ces permis sont délivrés afin d’évaluer l’abondance de la ressource et pour savoir un peu ce qui se passe dans nos fonds marins. Ce n’est pas rassurant.

Avant l’émission de ces permis exploratoires, il y a l’émission de permis expérimentale de pêche. Le processus est compliqué et semble avoir un seul but : évaluer s’il y a suffisamment de homards pour l’émission de nouveaux permis de pêche commerciale. Des permis commerciaux entraîneraient la création d’emplois directs et indirects dans des régions qui en ont besoin. Mais il est essentiel que les résultats soient probants. Or les détenteurs de ces permis se plaignent du braconnage qui risque de fausser les données.

Tout ce beau monde semble oublier que l’abondance du homard et des crabes des neiges dans le golfe du Saint-Laurent est un phénomène relativement nouveau dû au réchauffement de l’eau du fleuve. Nous devons vivre avec les changements climatiques et ce réchauffement pourrait se poursuivre et éventuellement forcer les homards à migrer vers le Labrador comme l’a suggéré l’un de mes lecteurs.

La nature est en évolution et ce n’est pas un phénomène nouveau. Il n’y a pas si longtemps, en 2008, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) accordait un prêt de 4,8 M$ pour racheter 30 permis de pêche du homard sur une période de six ans. Les homardiers de la Gaspésie avaient vu leurs prises réduire de 30 % depuis 1995. Le rachat visait à rétablir la situation. La situation risque de se répéter. L’abondance de homard et crabes des neiges pourrait être un phénomène temporaire.

2 réflexions au sujet de “Impossible à prédire.”

  1. On dirait que les Gouvernements prennent toujours plusieurs années de retard quand vient le temps de prendre des décisions. Dans la Presse+ d’aujourd’hui le 25 mai 2024 un rapport d’un comité sénatorial intitulé ASSURER L’AVENIR DE LA CHASSE AU PHOQUE. Et ça dit qu’il n’y a pas beaucoup d’avenir. Le phoque a été responsable du déclin de la Morue. Il n’y a presque plus de crevettes le long de la côte nord et l’usine de crevettes de Matane a annoncée le 22 mars 2024 sa fermeture définitive. Elle était en opération depuis 1966. Maintenant on parle du crabe et du homard. Que va t’il se produire.

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    • Je suis d’accord avec toi. Il faut que nos gouvernements modifient leur approche face aux changements climatiques.

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