La nature me surprend toujours. Je lisais récemment un article sur les aptitudes incroyables de certains animaux et insectes. Entre autres, les pigeons voyageurs qui retrouvent leur pigeonnier après des vols de centaines de kilomètres et les papillons monarques qui partent du Canada et se rendent au Mexique, toujours au même endroit, pour se réfugier de l’hiver. Encore plus surprenants, les papillons qui retournent au Mexique chaque année ne sont pas les mêmes qui étaient partis au printemps pour venir nous visiter. Après avoir quitté le Mexique, ils font un arrêt au Texas pour s’accoupler, suivi d’un arrêt un peu plus au nord pour s’accoupler de nouveau. Les papillons qui arrivent au Canada sont souvent de la troisième génération. Ils retourneront au Mexique à l’automne comme l’avaient fait leurs grands-parents l’année précédente.
Les oiseaux migrateurs font également preuve d’un sens de direction difficile à expliquer. Celui des bernaches me vient à l’esprit, elles qui se font un devoir de nous avertir de leur départ avec leurs sons en é-haouc lorsqu’elles passent au-dessus de nos têtes dans leur formation en V. Ce qui se passe sous la surface du fleuve Saint Laurent n’échappe pas à ma curiosité. Plusieurs espèces de poissons effectuent aussi une migration et le fleuve Saint-Laurent joue un rôle important dans cette migration. Il y a plus de 200 espèces de poissons d’eau douce et d’eau salée dans le fleuve.
Plusieurs de ces poissons frayent en eau douce et migrent durant la première année jusqu’en mer où ils croissent et se développent. La capacité de ces poissons à retourner à leur habitat d’origine est remarquable. Dans le fleuve Saint-Laurent, plusieurs espèces effectuent ces migrations, dont l’esturgeon jaune, le doré jaune, le poulamon, la perchaude et l’alose savoureuse.
L’alose savoureuse fait partie de la famille des harengs. Cette dernière effectue une migration de l’océan Atlantique vers l’eau douce entre la mi-mai et la mi-juin. C’est une longue migration d’environ 2000 km qui s’arrête dans la région de Montréal au barrage de Carillon dans la rivière des Outaouais et à Beauharnois. L’alose savoureuse retourne dans son fleuve natal, le fleuve Saint-Laurent, pour se reproduire après avoir séjourné quatre ans et plus dans l’océan. Tout un exploit. Pendant que ces poissons voyagent dans le fleuve Saint-Laurent pour rejoindre leurs frayères, ils se font chier dessus par les municipalités qui continuent de déverser des eaux d’égout non traitées dans le fleuve. Malgré ce mauvais traitement, l’alose savoureuse mérite son nom. Sa chair, riche et sucrée, s’approche de la qualité du saumon. Historiquement, l’alose a fait partie des poissons les plus exploités. Son nombre a diminué au début du 20e siècle. Au Québec, l’alose est considérée comme une espèce menacée et vulnérable et un plan d’action pour la protéger a été mis en place.
Difficile à expliquer que l’homme a trouvé le moyen de se rendre sur la lune, mais il est incapable d’expliquer comment les pigeons, les papillons, les oiseaux et les poissons migrateurs réussissent leurs exploits.
Je n‘ai rien contre l‘exploration spatiale mais je me demandes pourquoi on y dépense des sommes astronomiques alors que nous en avons encore tant a apprendre ici sur terre dans nos océans.