Des médicaments, des virus et des bactéries se trouvent dans l’eau du fleuve Saint-Laurent. Dans une étude récente de l’Université de Montréal, nous apprenons que nous y trouvons de la caféine, de la carbamazépine, de la diclofénac et de l’ibuprofène. La carbamazépine est un médicament anticonvulsivant utilisé pour le traitement de l’épilepsie et la diclofénac est un médicament anti-inflammatoire. Les installations des eaux usées des municipalités ne sont pas conçues pour éliminer ces produits pharmaceutiques. La bonne nouvelle selon l’auteur de l’étude, Sébastien Sauvé, est la construction d’un projet d’ozonation qui sera en mesure de détruire les virus, les antibiotiques et 80 % des molécules médicamenteuses.
Cette usine d’ozonation est un projet ambitieux et complexe. Une fois terminée, il s’agira de la plus importante installation du genre sur la planète. Le projet a été lancé il y a plus de 15 ans en 2008. La construction a connu moult difficultés et son inauguration a été reportée en 2028. Toujours selon La Presse, le projet serait au stage de l’assemblage, mais Montréal est incapable de trouver un preneur pour compléter le projet. Aucune compagnie n’a répondu à l’appel d’offres. Le projet devait coûter 200 millions, il y a quinze ans. Aujourd’hui, le montant au budget est 947 millions. Quelqu’un est surpris ?
La ville de Montréal a demandé l’aide des gouvernements provinciaux et fédéraux pour terminer ce projet qui se fait au bénéfice de la biodiversité et de la population qui vit au bord du fleuve Saint-Laurent en aval de Montréal. Dans l’étude de l’Université de Montréal que j’ai cité au début, la contamination de l’effluent de Montréal est visible jusqu’à 70 km en aval jusqu’au lac Saint-Pierre. L’étude mentionne que ce résultat ne doit pas surprendre compte tenu du fait que deux millions de personnes vivent sur l’île de Montréal. J’aimerais rappeler ici que les eaux du fleuve Saint-Laurent nous viennent du bassin des Grands Lacs où vivent plus de quarante millions de personnes. Aux États-Unis, des centaines de nouveaux produits chimiques sont déversés dans l’eau chaque année.
Il n’y a pas que les résidus pharmaceutiques qui sont déversés dans les eaux du fleuve, il y a aussi des bactéries et des virus. Lors de la pandémie, nous apprenions que la présence du virus de la COVID-19 avait été détectée dans le Saint-Laurent. Un autre virus présent dans le fleuve est celui de l’influenza aviaire. Ce virus s’attaque aux phoques communs de l’estuaire du fleuve et aux oiseaux aquatiques. Plusieurs centaines de ces derniers ont été retrouvés morts.
Les bactéries les plus importantes sont les coliformes fécaux (E. coli) qui proviennent des déversements d’eaux usées. La ville de Montréal rejette dans le Saint-Laurent des eaux usées qui n’ont subi qu’une transformation primaire. L’idée qu’il y a des bactéries, des médicaments et des virus dans les eaux du fleuve n’est pas une révélation, mais les élus municipaux ne sont pas intéressés à voir cette situation parvenir aux citoyens. Au contraire, au cours des dernières années, comme diversion, ils annoncent l’aménagement de plages, laissant ainsi sous-entendre que l’eau du fleuve est convenable pour la baignade. Aujourd’hui, ces plages ne sont ouvertes que quelques jours par été à cause d’une présence trop élevée de coliformes fécaux. Et que dire des autres polluants ?
Un bon exemple de plage ouverte en ignorant la qualité de l’eau est la plage de l’Île Charron à Longueuil. La plage a nécessité un investissement de 2,6 M$ et elle est fermée depuis 2020. Selon un porte-parole de la ville, la plage nécessiterait un investissement de 250 000 $ pour la remise aux normes et la ville a pris la décision de mettre ce montant dans d’autres investissements. Quelle belle déclaration bureaucratique ! Un peu de transparence sur les véritables raisons de la fermeture de cette plage serait appréciée.
Plus la population vieillit plus les eaux sont remplis de résidus pharmaceutiques et cela ira en augmentation. C’est certainement la même chose pour les ville de St-Lambert et Longueuil dont l’eau provient du Fleuve St-Laurent. On est condamné à subir ces résidus pharmaceutiques ad vitam aeternam.
Merci pour le commentaire Fernand.
J‘ai lu quelque part que par le temps que les eaux des Grand Lacs arrivent a Montréal la concentration de produits polluants et/ou toxiques est suffisamment basse que le danger pour les humains est assez bas. Toutefois ceci n‘est malheureusement pas le cas en aval du grand Montréal justement a cause des déversements d‘eaux usées. Il faut aussi prendre en considération qu‘il y a des déversements a Trois-Rivieres et a Québec et que les concentrations de produits polluants et/ou toxiques ne redeviennent pas assez basses que passé Sept-Iles. Je ne sais pas si cet énoncé est vrai ou non mais peut-être que tu as de l‘information pour le corroborer.
Tu as en grande partie raison. Il y dilution mais il y a aussi dépôt dans les sédiments.
Pour des raisons différentes, l’accès au fleuve pour la baignade n’est pas accessible que la piscine Préville.
Merci pour le commentaire Philippe.