Des berges problématiques

Nous jalousons les personnes qui demeurent sur les rives du fleuve Saint-Laurent, mais c’est un choix qui n’est pas de tout repos. L’érosion des berges du fleuve représente un grave problème à long terme. Cette érosion est causée par des facteurs naturels, dont les vagues, les marées et les fortes pluies. Depuis les dernières décennies, s’ajoutent à ces causes naturelles, les activités humaines tels le transport maritime et les changements climatiques.

Le gouvernement fédéral est le palier gouvernemental de qui relève la responsabilité de voir au bien-être du fleuve et de ses rives. Le fédéral prétendait dans le passé avoir les compétences lui permettant de faire face grâce aux expertises retrouvées dans divers ministères et agences gouvernementales. Je ne doute pas qu’il y a plusieurs spécialistes dans la bureaucratie fédérale. Comme dans de nombreux dossiers, ces spécialistes observent la situation et rédigent de savants rapports faisant état de leurs observations et énumérant les conséquences possibles de ce qu’ils ont observé. Si, dans le passé, la construction de murs ou l’amoncellement de pierres sur les rives représentaient des solutions, ces dernières ne sont plus acceptables parce qu’elles dénaturent les rives et c’est la dernière chose que la population désire sauf, peut-être, pour les riverains qui voient leur terrain rapetissé d’année en année.

Le problème vécu par les résidents de Varennes, Verchères et Contrecœur est un bon exemple. La voie maritime du Saint-Laurent a été construite et inaugurée en 1959 pour permettre le passage des navires vers les Grands Lacs. Les vagues créées par le passage de ces navires amplifient l’érosion des berges. Dix-sept ans plus tard, en 1977, Ottawa annonce que des murs de soutènement seront construits sur les rives. Rien n’est fait et dans les années 1990, les députés font pression pour que le gouvernement agisse pour résoudre le problème toujours présent. En 1997, le programme fédéral pour financer la protection des rives est aboli. C’est un constat d’échec : ils n’ont pas de solution qui sont conforment aux normes d’acceptabilité sociale, comme on dit aujourd’hui. Au même moment, le gouvernement provincial a adopté une politique de protection des rives, du littoral et des plaines. Une longue liste de vœux pieux qui n’aident pas à régler l’érosion. Depuis cette date, rien n’a été fait malgré des études qui confirment que le problème est toujours présent et ne fait qu’empirer avec l’augmentation du nombre et de la grosseur des transporteurs de conteneurs qui fréquentent le port de Montréal.

Le phénomène de l’érosion n’affecte pas seulement les riverains, mais l’ensemble de la population. Une mauvaise habitude du passé revient nous hanter. Il existe d’anciens dépotoirs tout au long du fleuve. L’érosion laisse échapper inéluctablement des déchets qui flottent et s’échouent un peu partout sur les rives. L’île d’Anticosti est un bel exemple ;  il y a un de ces anciens dépotoirs qui, à cause de l’érosion, se répand dans le fleuve et sur les rives. Selon un courriel reçu par le Devoir, des travaux de nettoyage temporaires ont été réalisés au mois d’août 2019. Ces travaux ont permis de collecter 1500 litres de verre brisé, 500 litres de matières résiduels et quatre tonnes de métal. Pourquoi ces travaux à ce lieu précis et pas ailleurs ? L’île est candidate pour une reconnaissance au patrimoine mondial de l’UNESCO. Une réponse est attendue cette année.

C’est loin d’être terminé : les différents articles sur les changements climatiques prédisent une augmentation du niveau de la mer due à la fonte de la calotte glaciaire. Faut-il alors s’attendre à une augmentation du niveau du fleuve Saint-Laurent ? Une telle hausse amplifierait les dommages causés par l’érosion sur les rives. Le danger est réel pour les rives de l’estuaire du Saint-Laurent, mais c’est peut-être le contraire pour les rives situées en amont de l’estuaire. Nos voisins du Sud ont de plus en plus besoin d’eau et sont tentés par l’eau des Grands Lacs, la source principale de notre fleuve. S’ils réduisent le volume d’eau qui alimente le fleuve, son niveau risque de baisser. Un dossier qui risque de faire les manchettes dans les prochaines années.

7 réflexions au sujet de “Des berges problématiques”

  1. salut Louis Michel c est Louis Legault un confrère du ste Marie tu te souviens sûrement de moi, comme tu as raison les gouvernants ne servent plus à grand chose surtout au fédéral ,les fonctionnaires veulent faire une grève pour les impôts qui approche à grand pas quels moyens ont t il pour mettre de la pression sur la haute direction,je suis moi-même riverain à Dorval mais les vagues des gros bateaux ne se rendre pas chez nous je suis à l extrême sud du Lac St. Louis mais je peux te confirmer que les fluctuations des niveaux d eau a toutes les saisons me préoccupe annuellement du plus bas au plus haut et on a pas le droit de toucher à mes berges.Salutations

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    • Bonjour Louis,
      Merci pour le commentaire. J’ai habité sur le bord du Richelieu à Saint-Charles durant une dizaine d’années et je me souviens encore du jour où, assis sur les marches de l’escalier, je regardais l’eau remplir mon sous-sol. Je ne souhaite une telle expérience à personne.

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  2. Nos ancêtres savaient, jamais ils se construisaient près d’un cours d’eau à moins de vouloir y construire un moulin. Près de l’eau on n’y construisait habituellement que des phares.

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  3. Bien que nous soyons actuellement dans un cycle naturel haussier des débits du Saint-Laurent en provenant des Grands-Lacs, cycle qui s’étire sur 30 ans, tous les modèles de prédiction climatique testé dans le cadre des recherches sur les changements climatiques prédisent une baisse des débits en provenance des Grands-Lacs. Cependant, tenant compte des aménagements hydrauliques du secteur des îles de Berthier (reversoirs), il est possible que ces prédictions affectent peu les niveaux d’eau dans le secteur.

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