Lac Ontario: à surveiller

Les Grands Lacs et le fleuve Saint-Laurent forment un ensemble qui dépend des actions de deux pays. Dès 1909, le Canada et les États-Unis signaient un Traité des eaux limitrophes afin de résoudre les différends au sujet de l’utilisation des eaux que se partagent les deux pays. La commission mixte internationale (CMI) suit les directives du traité. La CMI régit l’utilisation des eaux communes et enquête sur les problèmes transfrontaliers en vue de recommander des solutions. Sur sa page d’accueil, le CMI déclare que ses décisions tiennent compte de l’utilisation de l’eau comme eau potable, pour la navigation commerciale, la production d’hydroélectricité, de l’agriculture, la pêche, les industries, la navigation de plaisance et les propriétés riveraines.

La pollution des lacs et du fleuve n’est pas spécifiquement mentionnée, mais je dois assumer que la pollution est sous-entendue dans la plupart des activités. D’autre part, le traitement des eaux usées et les déversements ne sont pas mentionnés même s’ils représentent une importante source de pollution.

Le lac Ontario déverse ses eaux dans le fleuve Saint-Laurent et nous n’avons pas d’autre choix que de suivre les efforts effectués pour réduire la pollution de ses eaux. L’amélioration de la qualité de ses eaux demeure un défi de taille pour les grandes villes installées sur ses berges et en particulier la ville de Toronto. Tout comme au Québec, le déversement des égouts non traités demeure le problème numéro un. Ces déversements surviennent lors de fortes pluies alors que le système ne peut accommoder les volumes excédentaires.

En 2019, la ville de Toronto a lancé un programme d’infrastructure de plus de 3 milliards dont l’objectif est d’éliminer les déversements d’égout lorsqu’il y a des pluies abondantes. Dans une première phase, un tunnel (Coxwell Bypass Tunnel) d’une longueur de 10,5 kilomètres et d’une largeur de 6,3 mètres est en construction. Ce tunnel recevra les eaux excédentaires de Toronto qui sont maintenant déversées dans le lac Ontario. La construction du tunnel réduira également les nombreux refoulements d’égouts dans les résidences lors de ces tempêtes.

Après le tunnel Coxwell, les projets à venir sont ceux du Don River et du Central Water qui ajouteront un système de 22 kilomètres de tunnel. Une fois terminé, le déversement d’eaux usées dans le lac Ontario sera une chose du passé.

La ville de Toronto a été forcée d’agir sous la pression de sa population de près de six millions, qui voulaient avoir un accès au lac. Tout comme à Montréal, la ville a cédé sous la pression de ses concitoyens et a ouvert plusieurs plages publiques, laissant l’impression que des progrès étaient effectués dans la réduction de la pollution. Pour rassurer les baigneurs, des tests pour vérifier les niveaux de coliformes (E. coli) sont effectués sur une base quotidienne. À la suite de fortes pluies, ces plages sont fermées à cause du niveau trop élevé de coliformes. La création de ces plages est prématurée et les politiciens n’ont pas eu le courage de résister à la pression du public.

La population ne semble pas se rendre compte que les eaux du lac sont polluées et, autre que la baignade, ils y pratiquent de nombreuses activités ; suffit de penser aux véliplanchistes, aux amateurs de paddleboard, aux pêcheurs ou à la navigation de plaisance. Les taux de coliformes du lac dépassent souvent 30 fois les niveaux de coliformes recommandés pour ces activités selon les normes fédérales.

6 réflexions au sujet de “Lac Ontario: à surveiller”

  1. Bonjour Michel,
    Tes blogues sur le fleuve Saint-Laurent sont très intéressants. Il est question de lui accorder un statut juridique, incluant son bassin (donc les Grands Lacs). Cela mérite certainement un blogue de ta part.

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      • Salut, oui très intéressant. Pour ce qui est de la personnalité juridique du fleuve, je doute que cela change grand chose sur notre gestion des eaux usées et des surverses. Légalement, nous avons déjà tous les outils juridiques requis pour agir sans un statut qui donnera l’illusion d’avoir plus de pouvoir pour régler le problème.

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  2. Il va se passer encore beaucoup d‘années avant que le niveau de pollution des Grands Lacs soit acceptable et ici au Québec on ne peut malheureusement rien n‘y faire.

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