De la Baie James à la Californie ?

Dans mon dernier blogue, certains de mes lecteurs se sont montrés sceptiques avec l’idée de diriger les eaux des Grands Lacs vers l’Arizona et la Californie, un projet qui semble trop ambitieux. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, en 1985, un tel projet avait fait les manchettes.

Le Grand Recycling and Northern Development Canal, aussi connu comme le « Grand Canal », visait à récupérer l’eau douce des rivières qui se déversent dans la Baie d’Hudson (Rupert, Eastmain, Nottaway et La Grande). L’idée était de créer des barrages pour empêcher les eaux douces de se rendre à l’eau salée. Un grand lac d’eau douce serait ainsi créé à la Baie James et un réseau de canalisation aurait dirigé cette eau vers la baie Georgienne pour augmenter le niveau des Grands Lacs. Cette même eau aurait ensuite été dirigée vers les états du sud des États-Unis grâce à un pipeline.

Le projet avait intéressé le premier ministre du Québec, Robert Bourassa et le premier ministre du Canada, Brian Mulroney. De grandes sociétés de génie avaient appuyé le concept, mais la crainte d’un impact négatif sur l’environnement et les coûts d’un tel projet empêchèrent le projet d’aller de l’avant.

 Aujourd’hui, il n’y a pas de projets concrets pour diriger l’eau des Grands Lacs vers la Californie, mais Trump a récemment fait allusion à la possibilité d’un tel projet. Dans l’Accord de libre-échange nord-américain, l’exportation de l’eau à l’état naturel est exclue. Cette entente doit être renégociée en juillet 2026. Devant les problèmes de sécheresse des États du Sud, il ne serait pas surprenant que Trump insiste pour inclure l’exportation de l’eau des Grands Lacs vers le Sud dans le nouvel accord qui doit être négocié.

 Ce projet de « Grand Canal » visait à accommoder nos voisins du Sud que nous considérions à l’époque comme des amis et des alliés. Ce n’est plus le cas, du moins tant et aussi longtemps que Trump sera au pouvoir. Le problème vécu aux États-Unis à cause du manque d’eau n’est rien comparé à la pénurie d’eau potable en Afrique et en Asie où sévit le problème le plus sérieux de la crise de l’eau dans le monde. Elle touche des milliards de personnes. L’eau des rivières qui se déversent dans la Baie James est perdue à jamais. Viendra un jour où le projet du « Grand Canal » sera sorti des boules à mites pour aider à résoudre ce problème.

L’exportation massive d’eau par navires-citernes depuis d’autres continents est discutée, mais demeure marginale. Plusieurs pays africains importent l’eau potable embouteillée. Les principales multinationales exportatrices d’eau embouteillée sont Nestlé (Suisse), Danone (France), Coca-Cola et Pepsi Cola. Les deux multinationales américaines obtiennent leurs eaux des réseaux municipaux. Nestlé utilise aussi l’eau de réseaux municipaux, mais elle maintient que certaines de ses eaux viennent de sources naturelles, une déclaration maintes fois contestée. Dans une majorité des cas, ces distributeurs d’eau paient aux municipalités le même tarif que ceux d’autres utilisateurs commerciaux. Les municipalités ne tiennent pas compte que ces eaux sont revendues. Seul Danone vend de l’eau qui vient de sources naturelles.

L’eau douce n’est pas une ressource inépuisable et le projet du « Grand Canal » pourrait devenir rentable. Aux grands maux, les grands remèdes, comme ils disent.

1 réflexion au sujet de “De la Baie James à la Californie ?”

  1. Et si jamais le projet « Grand Canal » devient une réalité est-ce-que cette eau va éventuellement se retrouver dans l‘océan Atlantique via le Golfe du Mexique? Donc si cela est le cas ce n‘est qu‘un projet d‘irrigation extrêmement couteux!

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