Où vont les résidus pollués ?

Les ports construits le long du Saint-Laurent nécessitent le dragage du fleuve pour assurer la continuité des opérations et la sécurité des navires. Les travaux de dragage au port de Gros-Cacouna sont un bon exemple. Le port est situé à 215 kilomètres en aval de la ville de Québec sur la rive sud du fleuve en face de l’embouchure de la rivière Saguenay. Le port est important pour la région et sert au transport de vrac solide, de composantes d’éoliennes, d’explosifs et de produits de la forêt. Le port, à l’origine, bénéficiait d’une profondeur de ses eaux de douze mètres, aujourd’hui, cette profondeur est maintenant de huit mètres d’où la nécessité des travaux de dragage. Les autorités gouvernementales sont conscientes que ces travaux feront l’objet de critique. Elles ont donc développé une stratégie pour contrer les récriminations.

Comme c’est devenu maintenant une habitude, les autorités gouvernementales ont planifié une consultation publique ; elles ne pourront donc pas être accusées d’un manque de transparence. Ces consultations, malgré leur nom, servent à informer et pas à consulter. La nécessité des travaux de dragage d’entretien n’est pas remise en question, mais certains impacts sur l’environnement sont discutés. Parmi ces impacts, nous retrouvons les bruits subaquatiques qui représentent un problème pour les bélugas. Durant la consultation, la coordonnatrice à l’environnement de la Société portuaire du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie a rassuré l’auditoire en expliquant que la SPBSLG avait les moyens de déterminer la présence des bélugas dans un endroit précis grâce à la captation des sons particuliers émis par ces derniers ; dès que la présence de bélugas sera identifiée, les travaux seront arrêtés. Qu’advient-il alors des autres espèces ?

Autres que le bruit, ces projets de dragage génèrent une quantité importante de sédiments pollués qui seront disposés en eau libre. Lorsque rejetées, ces matières demeurent en suspension dans un habitat où vit une grande variété d’espèces. Le projet de dragage s’échelonne sur 10 ans et devrait débuter en 2025. La première phase générera 60 000 mètres cubes de sédiments, soit l’équivalent de 6000 camions de dix roues bien remplis. L’endroit choisi pour les déversements dans le fleuve se situe dans une zone qui fera partie du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent.

Pourquoi disposer en eau libre les sédiments pollués de dragage et pourquoi dans un parc marin ? Ne pourraient-ils pas être disposés en milieu terrestre ? Il existe en Europe une réglementation qui prévoit que des sédiments pollués ne peuvent pas être rejetés dans le milieu marin. Cette réglementation soulève des défis technologiques, économiques et environnementaux importants face à l’élimination des contaminants présents dans les sédiments. Une fois nettoyés, les sédiments peuvent servir dans la construction de routes, dans le béton et dans la fabrication de briques. Ces solutions sont dispendieuses et au Québec la tendance se limite à l’analyse des conséquences de ces déversements qui ne font que perpétuer la pollution. Selon la SPBSLG, il n’y a pas de projets de valorisation des résidus de dragage au Québec, sauf aux îles de la Madeleine, où les résidus sont de nature sableuse.

Les ports représentent une dichotomie entre le développement économique d’une ville et l’impact sur l’écosystème du fleuve Saint-Laurent. Le développement économique est une priorité, l’impact sur l’écosystème ne l’est pas.

4 réflexions au sujet de “Où vont les résidus pollués ?”

  1. Malheureusement, la Nature malgré l’ardeur de ses défenseurs gagne très rarement devant le développement économique dont la croissance n’est principalement générée que par la surconsommation de biens sonvent futiles et générateurs d’une futurs déchets non récupérables et d’une obsolescense débridée. Mais quand l’humanité comprendra-t-elle?

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