Donnez-moi de l’oxygène.

Ce succès de Diane Dufresne me vient en tête alors que j’écris ce texte. Dans mes derniers blogues, je décrie les conséquences du réchauffement des eaux du golfe du Saint-Laurent : les homards quittent les côtes de l’état du Maine pour se diriger vers les eaux du golfe, les calmars sont en abondance et les crevettes nordiques sont introuvables. Le réchauffement des eaux n’est pas le seul phénomène qui influence ces importantes modifications à la vie aquatique. Le taux d’oxygène dans les eaux profondes est aussi en cause et il diminue depuis une décennie.

Le fleuve Saint-Laurent souffre de désoxygénation, un phénomène connu sous le nom d’hypoxie et qui affecte les eaux profondes du fleuve. Il y a deux causes principales à l’hypoxie des eaux du golfe. La première est l’augmentation du phosphore et la deuxième de l’azote causé par l’agriculture et les rejets d’eaux usées, deux causes sur lesquelles nous pouvons agir. Cette pollution devient des nutriments pour les algues. Ces dernières décomposent des matières organiques au fond de l’eau et consomment l’oxygène qui s’y trouve.

Nous avons un certain pouvoir pour influencer ces causes de l’hypoxie ; c’est une autre chose pour le réchauffement des eaux qui influence aussi le niveau d’oxygène. Les eaux froides et riches en oxygène du Courant du Labrador qui nous venaient de l’Arctique et qui se déversaient dans le golfe sont maintenant remplacées par les eaux du Gulf Stream qui sont beaucoup plus chaudes. Les raisons de ce changement majeur s’expliquent en partie par les changements climatiques, mais les scientistes ne sont pas convaincus et continuent d’étudier d’autres causes possibles.

Cette baisse d’oxygène affecte les espèces marines qui dépendent de l’oxygène pour survivre. Parmi les espèces affectées, nous retrouvons la morue et le flétan qui ne peuvent survivre dans ces conditions. La crevette nordique a dû remonter pour vivre dans des eaux moins profondes, mais elle s’est retrouvée voisine du sébaste qui est l’un de ses prédateurs.

Ces espèces possèdent l’avantage de pouvoir se déplacer, mais plusieurs autres espèces ne sont pas mobiles. Il existe des dizaines d’espèces qui vivent au fond du golfe et qui ne peuvent facilement se déplacer vers des zones plus riches en oxygène. Les mieux connus sont les mollusques incluant les moules, les huîtres et les pétoncles. Moins connus sont les macro-invertébrés qui comprennent des insectes aquatiques et des vers.

L’hypoxie, ou la baisse de l’oxygène, n’est pas la seule à influencer la biodiversité marine. L’acidité des eaux profondes est en forte augmentation. Ces deux phénomènes s’ajoutent aux hausses des températures de l’eau. Dans un article du Devoir (22 mai 2024), le journaliste Alexandre Shields nous informe que les experts de Pêches et Océans Canada trouvent difficile de prévoir les répercussions de ces bouleversements. Un consortium de chercheurs mène des études pour mieux comprendre et anticiper les impacts de ces phénomènes sur les espèces marines du Saint-Laurent. C’est bien de comprendre, mais il faut réaliser que nous ne pouvons pas faire grand-chose face à cette nouvelle réalité.

2 réflexions au sujet de “Donnez-moi de l’oxygène.”

  1. Ça fait un peu peur cette situation n‘est-ce-pas? Je penses surtout aux générations futures qui vont subir les conséquences de nos actions d’aujourd’hui.

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