Une résidence sur les rives du fleuve Saint-Laurent est recherchée, mais j’écrivais dans un blogue précédent que l’érosion cause des dommages appréciables aux terrains situés sur les rives, une situation qui risque de s’aggraver avec les variations du niveau des eaux du fleuve sous l’effet des changements climatiques.
Le réchauffement climatique fait fondre la calotte glaciaire du Groenland et les glaces de l’Arctique. La fonte de ces glaces accélère l’augmentation du niveau de la mer qui a déjà augmenté d’une vingtaine de centimètres depuis la fin du vingtième siècle. L’effet de cette augmentation du niveau de la mer sur les marées, combiné aux pluies diluviennes et aux vents destructeurs causés par les changements climatiques, augmentera les risques d’érosion et d’inondation sur les rives de l’estuaire du Saint-Laurent. Pour les riverains en amont de l’estuaire, le problème est tout autre : le niveau du fleuve risque de baisser.
Notre fleuve prend sa source dans les Grands Lacs et le niveau du fleuve varie d’une année à l’autre en fonction des apports en eau du lac Ontario qui lui dépend de l’apport des autres lacs. Actuellement, le niveau des Grands Lacs est bas avec comme conséquence que le niveau du fleuve est lui aussi bas à cause du printemps et de l’été sec de l’année dernière. Nous ne sommes pas les seuls : le Mississippi a récemment atteint un creux historique et la même situation a été observée en Europe (le Rhin) et en Chine (le Yang Tsé). Les changements climatiques nous font vivre les extrêmes entre les sécheresses et les pluies diluviennes.
Les importantes sécheresses chez nos voisins du Sud mettent de la pression sur les autorités pour qu’elles trouvent une solution au problème. Pour eux, la solution se cache dans les Grands Lacs qui représentent l’un des plus grands écosystèmes d’eau douce au monde. Plus de 40 millions de personnes tant aux États-Unis qu’au Canada y vivent, et la protection de ses eaux devient pour eux une priorité. Au Canada, nous avons toujours tenu pour acquis que nous avions à notre portée amplement d’eau douce pour répondre à nos besoins. Encore plus que le pétrole, l’eau est essentielle pour notre survie, mais cette réalité semble nous échapper. Aux États-Unis, les États du nord-est ne s’inquiètent pas d’un manque d’eau potable, mais la situation est bien différente dans le sud, une région qui souffre d’importantes sécheresses au point où des réservoirs tel le lac Mead qui fournit de l’eau à 25 millions d’Américains en Arizona, en Californie et au Nevada, est pratiquement à sec. Le réservoir a été créé dans les années trente lors de la construction du barrage Hoover. La baisse du niveau du réservoir réduit l’eau potable disponible et risque la production d’électricité. Pour l’instant, les gouvernements cherchent à réduire la consommation d’eau, mais c’est une solution temporaire.
Les pipelines sillonnent l’Amérique pour diriger le pétrole vers les marchés. Ce n’est qu’une question de temps avant que des pipelines dirigent l’eau, encore plus essentielle à la vie que le pétrole, vers les centres urbains du Sud. Les Grands Lacs, la principale source de notre fleuve Saint-Laurent, deviennent une source importante. Le gouvernement à Ottawa nous assure qu’il existe des conventions qui servent à assurer le maintien des niveaux des Grands Lacs, mais les États-Unis, avec leurs grosses bottines, feront fi de ces conventions qui ont été adoptées au moment où il n’y avait pas de problèmes. Une guerre de l’eau est probable et les chances du Canada de gagner sont faibles.
Matière à réflexion n’est-ce-pas?
Excellent!