Ma famille est originaire de Notre-Dame-de-Pierreville, une municipalité située près du lac Saint-Pierre. J’étais le plus vieux d’une famille de six enfants et ma mère, Odette, se débarrassait de moi en m’envoyant à la ferme de ses parents à chaque fois qu’elle ajoutait à sa progéniture. J’ai toujours conservé de beaux souvenirs de la ferme sauf pour la cueillette des fraises sous les attaques des frappes d’abord.
La ferme a été vendue, il y a plus de cinquante ans et, chaque année, je me fais un devoir d’y effectuer un pèlerinage. J’en profite pour visiter les pêcheurs de Notre-Dame-de-Pierreville pour acheter de l’esturgeon fumé et des filets de perchaude pêchés dans le lac Saint-Pierre. En 2012, mauvaise nouvelle, les pêcheurs m’avisent qu’il y a maintenant un moratoire sur la pêche à la perchaude. L’hypothèse de la surpêche est soulevée comme explication.
Quelques années plus tard, en 2015, j’apprends qu’un réseau de braconniers de perchaudes sévit sur le lac des Deux-Montagnes. L’information me laisse bouche bée ; il n’y a pas de perchaudes dans le lac Saint-Pierre, mais il y en a en amont dans le lac des Deux-Montagnes ? Mystère et boule de gomme. Le journaliste nous informe que des acheteurs en provenance de Sorel-Tracy étaient impliqués dans l’opération. Je m’imagine mal la réaction de la population de Sorel qui vient d’apprendre qu’elle mange de la gibelotte préparée avec des filets de perchaude pêchés dans la région de Montréal. Quel scandale !
Quatre ans plus tard, le 30 mai 2019, le Journal de Montréal titre « LA PERCHAUDE N’A PAS LA MÊME SANTÉ PARTOUT DANS LE FLEUVE. » L’article cite une chercheuse d’Environnement et Changement climatique Canada : « Les populations de perchaudes… sont en bonne santé autour de Montréal, mais leur état se dégrade considérablement plus ces poissons se rapprochent du lac Saint-Pierre. » Il me semble que ça n’a pas de bon sens ; ça devrait être le contraire. Ces scientifiques ont constaté un effondrement des populations dans le lac Saint-Pierre, mais ils ne savent pas pourquoi. J’ai l’impression qu’ils sont parfaitement au courant, mais qu’ils se protègent le derrière.
Sept ans après l’imposition du moratoire, ils nous informent qu’ils ont découvert dans le foie des poissons plusieurs contaminants. L’article poursuit avec une déclaration surprenante : « Et le stress relié aux contaminants ont été davantage identifiés dans le lac Saint-Pierre que dans les lacs Saint-Louis ou Saint-François. » Le groupe de recherche n’offre aucune explication sur l’état de la situation. Ils ne font que constater. Une situation incompréhensible résultat soit d’indifférence, d’incompétence ou de manque de courage pour identifier le véritable coupable, mais, le véritable coupable est puissant et tous craignent sa réaction.
De récentes études démontrent que si le nombre de perchaudes au lac Saint-Pierre a diminué ce n’est ni à cause du stress relié aux contaminants ni à cause d’une pêche commerciale excessive, c’est à cause de la disparition de leurs frayères naturelles. Cette détérioration des habitats est due à l’intensification de l’agriculture qui a grugé les rives du lac Saint-Pierre pour augmenter les surfaces de culture. Ce n’est qu’aujourd’hui que des mesures pour restaurer des habitats à la reproduction des perchaudes sont à l’étude. Une fois de plus, force est de constater que l’agriculture est une vache sacrée à laquelle il ne faut pas s’attaquer.
Je me souviens très bien des projets de construction des digues au lac Saint -Pierre et l’installation de pompes pour évacuer l’eau des champs pour accélérer la date du semis de mais-grain. Les biologistes savaient déjà que ce serait un problème mais n’ont pas fait le poids. Aujourd’hui, après provoqué l’effondrement de la population de perchaudes, le gouvernement va investir 14M$ pour un projet de conservation du Lac-Saint-Pierre. Une manne pour beaucoup de projets et de recherches scientifiques qui ne régleront probablement pas le problème parce qu’on aura encore eu peur d’attaquer le problème de front pour ne pas s’attirer les foudre du MAPAQ.
Pour en savoir plus : http://www.environnement.gouv.qc.ca/eau/lac-st-pierre/
Malheureusement on ne sait pas tout ce qui se passe au Québec.
Tes blogues sont toujours bien intéressants et je suis convaincu que c‘est due au fait que tu passes beaucoup de temps a rechercher avant de publier.