Au début de l’année, mon attention a été attirée par le titre d’un article Une espèce d’écrevisse envahissante inquiète les biologistes. Je suis curieux de savoir qu’est-ce qui peut bien inquiéter ces biologistes? Des écrevisses c’est tout petit, ce n’est pas dangereux et c’est même bon à manger.
Je sais depuis mon tout jeune âge que les écrevisses sont utilisées comme appât par les pêcheurs. Je sais aussi qu’ils font partie de la fine gastronomie en France. Il y a une douzaine d’années je visitais la poissonnerie d’un pêcheur de Notre-Dame-de-Pierreville pour y faire provision d’esturgeon fumé et de filets de perchaude lorsque mon attention fut attirée par un contenant dans l’étalage frigorifié qui, je devine contient des queues d’écrevisses. Je m’informe auprès de l’épouse du pêcheur qui me confirme que c’est bien des queux d’écrevisse et qu’elles sont prêtes à manger. J’achète sans demander le prix ; j’aurais dû, mais l’occasion est trop belle. L’épouse du pêcheur qui me servait a sûrement remarqué mon expression lorsqu’est venu le temps de payer. Elle m’a simplement dit ; « Vous ne pouvez pas imaginer le temps que ça prend pour préparer ces queux d’écrevisses. »
Ce n’est que quelques années plus tard que je renoue avec l’écrevisse dans mon assiette. Je suis à Lyon et voilà deux jours que je suis désappointé par la nourriture servie dans les fameux bouchons lyonnais. J’en fais la remarque au concierge de l’hôtel qui m’avise de me tenir loin des trappes à touristes et il me suggère le restaurant le Poêlon d’Or sur la rue des Remparts d’Ainay. Après une terrine en croûte, j’ai choisi la traditionnelle Quenelle lyonnaise de brochet en gratin avec une sauce aux écrevisses. L’un des meilleurs plats que j’ai eu l’occasion de déguster. Quelques mois plus tard, j’ai eu la chance de savourer une sauce aux écrevisses, cette fois-ci à Montréal, au restaurant Chez Delmo où j’ai trouvé sur le menu des crevettes à la sauce Nantua. Cette sauce est faite à partir de béchamel et de beurre d’écrevisse.
Mais revenons à cette inquiétante écrevisse. L’écrevisse à taches rouges nous vient des États-Unis et elle est en voit d’envahir le lac Brome. Son intrusion est jugée préoccupante par le Ministère des Forets, de la Faune et des Parcs. Mais qu’est-ce qui peut bien inquiéter et préoccuper ces experts ? Il s’avère que l’écrevisse à taches rouges est plus agressive et corpulente que nos écrevisses indigènes et qu’elle risque de faire disparaître nos écrevisses québécoises de leur habitat traditionnel.
Aux dernières nouvelles, les envahisseuses descendaient la rivière Yamaska et s’approcheraient bientôt du Saint-Laurent. Selon le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, il n’y aurait rien à faire pour arrêter cette invasion. Le même ministère avoue qu’il ne connaît pas l’impact de l’invasion, qu’il soit positif ou négatif, sur les poissons du fleuve. Pour eux, c’est un mystère.
Quelques pêcheurs du lac Saint-Pierre ont trouvé des acheteurs pour leurs écrevisses ; la demande viendrait de nos immigrants. Ces mêmes pêcheurs voient d’un bon œil l’arrivée de l’écrevisse à taches rouges ; elles sont plus corpulentes que nos écrevisses indigènes. Mais attention le ministère des Forets, de la Faune et des Parcs veille au grain. Nous ne pouvons manger n’importe quelles écrevisses. Un restaurateur de Bromont, Arnaud Rohr du restaurant La Pérouse, apprenant l’existence de ces dodues écrevisses au lac Brome, a eu l’idée de les cuisiner. Le Ministère a mis un frein au projet en refusant d’octroyer le permis de pêche commercial. La première raison donnée pour empêcher cette pêche ne devrait pas surprendre ; le ministère invoque « le manque d’informations. »
Si j’ai bien compris, la pêche commerciale de nos petites écrevisses québécoises est permise, mais la pêche des grosses écrevisses américaines qui nous envahissent est défendue. Quelqu’un peut m’expliquer.
… et ce n’est certainement pas moi qui va t’expliquer, même si je suis biologiste je suis dans la même « obscurité » que toi sur le sujet 🙂
Bien que je n‘en connaisses pas personnellement c‘est un fait bien connu des résidents du lac Brome que la pêche aux écrevisses est très populaire pendant la nuit. Est-ce une solution possible au problème?
cet envahissement n’est pas d’hier semble-t-il. Il devrait donc y avoir déjà un avis scientifique sur la qualité nutritive de ces petits amis américains…..et, s’il sont comestibles, encourageons-en l’exploitation au profit de notre gastronomie locale. Si on les consomme en Europe sur les plus belles tables, c’est parce qu’il est là, à côté.
Mais avant qu’il y est une décision . Nous serons vieux ou mort.
Peut être qu’un pêcheur soit élu mais il sera nommé à l’éducation.