Heille! Tu en bois.

Il y a quelques années, lors du déversement de huit milliards de litres d’eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent par la Ville de Montréal, j’ai lu un article dans lequel j’apprenais que ce déversement serait passé inaperçu si ce n’était d’un avis qui avait été rendu public par une association nautique. Il a fallu qu’un organisme comme une association nautique attire l’attention des médias sur le sujet. Je me suis demandé où pouvaient bien être nos journalistes d’enquête, ces protecteurs auto proclamés de la population, pour avoir manqué une telle nouvelle. J’aurais compris s’ils avaient choisi d’ignorer une bonne nouvelle, ces dernières ne font jamais les manchettes, mais un déversement d’une telle importance est une mauvaise nouvelle et aurait dû attirer l’attention.

Dans le même article, j’apprenais que la Ville de Montréal avait effectué des déversements de la même ampleur en 2003 et en 2005. Environnement Canada était au courant, mais avait omis d’en informer la population, tout comme la ville de Montréal d’ailleurs. Dans un autre article, j’apprenais que le ministère des Affaires municipales avait, en 2017, répertorié plus de 62 000 événements de surverse et que plusieurs municipalités du Québec déversent encore leurs eaux usées dans le fleuve.

J’avoue que je suis resté abasourdi par ces informations et par la réalisation que le fleuve Saint-Laurent continuait de servir d’égout à ciel ouvert dans un monde qui se dit préoccupé par l’environnement. L’assainissement des eaux est sous la responsabilité des municipalités et des ministères de l’Environnement tant à Québec qu’à Ottawa ; nos politiciens nous promettent, d’une élection à une autre, de protéger le fleuve Saint-Laurent, mais ils tolèrent une pareille situation devant l’indifférence de la population face à la pollution du fleuve. Pourtant le fleuve représente, pour une majorité de la population du Québec, la principale source d’eau potable.

Après l’air que nous respirons, s’il y a quelque chose d’important pour la vie c’est bien l’eau. Pourtant la population démontre une indifférence incompréhensible à sa détérioration, rassurée par l’idée que l’eau du robinet a été traitée. De façon sporadique, un article apparaît dans les médias pour donner les résultats de différentes études sur l’augmentation des produits chimiques qui s’y trouvent, sur la disparition d’espèces de la vie aquatique et bien d’autres scandales. Ces articles apparaissent et disparaissent sans réactions ni de la population ni des politiciens ; il est vrai que certains groupes dénoncent la situation, mais leurs interventions semblent tomber dans le vide. Trop compliqués ? Trop loin de notre réalité quotidienne ? C’est un peu la même chose pour la qualité de notre air. Pourtant l’air on la respire et l’eau on la boit. Les alertes au smog, les avis de faire bouillir notre eau ou encore les interdictions de baignade, sont devenues monnaie courante et nous acceptons cette situation sans broncher.

Pourtant la même gang qui oublie de nous avertir des déversements d’égout dans le fleuve, est la même qui se pette les bretelles lors de l’ouverture des pseudo-plages du fleuve. Pour eux, ces plages deviennent la preuve que l’eau du fleuve s’améliore. C’est de la poudre aux yeux.

4 réflexions au sujet de “Heille! Tu en bois.”

  1. Pourtant jusqu’à la fin des années 50 il y avait beaucoup de plages autour de Montréal malgré le fait que plusieurs villes rejetaient les égouts directement dans le Fleuve et la Rivière des Prairies et l’eau de l’aqueduc provenait du Fleuve.Il y avait deux plages sur l’Ile Ste-Hélène et même une à St-Lambert. Malheureusement dans ce temps là l’environnement n’était pas au gout du jour et on en faisait peu de cas.

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  2. Déverse 10 litres de mazout ou autre produit pétrolier dans le fleuve et tu auras, comme le souligne tristement, Michel, un tollé par rapport au 8 milliards de litres d’eaux usées déversées il y a environ 5 ans. Bien sûr, que ce déversement s’est produit pour une raison de force majeure : changement de canalisation majeur à Montréal.
    Bien qu’il y ait toujours des déversements d’eaux usées dans le fleuve et autres cours d’eau au Québec, il y a eu amélioration au cours des dernières décennies. Cependant les investissements pour éliminer les déversements directs dans les cours d’eau demeurent toujours en deçà des besoins pour traiter les eaux usées avant qu’elles n’atteignent les cours d’eau, y inclus, bien sûr, le fleuve majestueux Saint-Laurent.
    C’est un choix de priorités.
    Manifestement, il y a place à amélioration quant au choix de priorités et, en dépit de conscientisation, de préoccupations, et plusieurs gestes posés afin de réduire la pollution de l’air de l’eau et de la terre, nous demeurons, malgré nous, tous d’importants pollueurs …

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