Des plages? À vos risques!

Depuis quelques années, les politiciens veulent nous faire croire que l’eau du fleuve Saint-Laurent s’est améliorée à un point tel qu’ils se lancent dans l’aménagement de plages publiques. Ces annonces sont prématurées. Vous êtes tout à fait libre de fréquenter ces plages, mais je vais passer mon tour.

Nous sommes tous d’accord pour dire qu’il y a eu une amélioration de la qualité de l’eau du fleuve grâce à la construction d’usines d’assainissement, mais le fleuve demeure pollué. Suffit de penser aux innombrables interdictions de se baigner sur les quelques plages que les autorités municipales ont eu le culot d’ouvrir.

Les politiciens ont oublié de nous dire qu’il y avait toujours des déversements d’eaux usées dans le fleuve. Dans les faits en 2017, il y a eu 62 000 déversements d’eaux usées au Québec. Personne ne s’en vante. Le genre de vérité qui dérange ; mieux vaut ne pas en parler. En passant, l’utilisation du terme « eaux usées » est un euphémisme utilisé pour ne pas dire, eau d’égout et, qui parle d’égout parle de merde ; pour confondre le bon peuple, il est plus sage de parler d’Escherichia coli (E. coli) ou encore de coliformes fécaux. Il n’en demeure pas moins que c’est de la merde qui est déversée dans les eaux du fleuve et souvent en amont des plages.

Mais nous pouvons dormir tranquilles, les politiciens veillent au grain ceux-là mêmes qui avaient oublié de nous avertir, en 2015, qu’il y aurait un déversement de huit milliards de litres de merde dans le fleuve. En 2016, la Ville de Montréal nous a annoncé qu’elle projetait l’aménagement d’une plage locale dans l’arrondissement de Verdun comme un legs pour son 375e anniversaire. Mais, ils ont rencontré un problème de taille : à l’emplacement prévu (à proximité de l’auditorium de Verdun, en face de L’Île-des-Sœurs), le courant était trop fort pour permettre une baignade en sécurité. Tous les riverains savaient cela, mais pas les politiciens. Il a donc été prévu de dénaturer le fleuve en y installant une digue pour ralentir et détourner le courant. Mais attention, si le courant est ainsi ralenti, il devient nécessaire d’évaluer le temps nécessaire pour renouveler l’eau lorsqu’il y a déversement de merde en amont de la plage prévue, une pratique apparemment régulière. La plage est maintenant ouverte après trois ans de travaux. Durant les 30 premiers jours suivants, l’ouverture, la baignade a été interdite dix jours en raison de la qualité de l’eau.

L’aménagement de la Plage de l’Est, dans l’arrondissement de Rivière-des-Prairies/Pointe-aux-Trembles annoncé il y a plusieurs années, est retardé pour des raisons similaires. Une conduite pluviale qui lors des fortes pluies déversait de la merde là où la plage était planifiée a dû être déplacée. Cette plage n’est pas encore ouverte.

Je ne suis pas un expert, je ne suis qu’un observateur surpris de constater que de la merde, encore aujourd’hui, est déversée dans le fleuve sur une base régulière. Ceux qui sont responsables de ces déversements sont les mêmes qui sont responsables des plages. Où ont-ils la tête ? Partout dans le monde, l’on s’inquiète de la qualité de l’eau des plages. Il existe un programme de certification des plages reconnu à travers le monde connu sous le nom de Pavillon Bleu. Si le pavillon bleu flotte à l’entrée de la plage, c’est que la plage est certifiée pour la baignade.

Le programme Pavillon Bleu a été créé en 1985 ; il représente une garantie de propreté des plages et de la qualité des eaux. Le programme Pavillon Bleu est administré au Canada par Environmental Defence et géré à l’échelle internationale par la Fondation pour l’éducation à l’environnement (FEE). Plus de 4000 plages et marinas dans 45 pays arborent le Pavillon Bleu. Au Canada, 27 plages sont en mesure de hisser le Pavillon Bleu. Au Québec, seules les trois plages de la ville de Magog se sont qualifiées.

Rien à dire de plus.

8 réflexions au sujet de “Des plages? À vos risques!”

  1. Qu’en est il de la plage que la Ville de Longueuil a ouverte sur l’Ile Charron à coté du Pont/Tunnel Louis-Hippolyte Lafontaine. L’ouverture a été retardée et je ne me souviens pas d’avoir entendu parler de fermeture dû à la pollution.

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    • Merci pour le commentaire
      Je ne sais pas s’il y a eu des avis de fermeture mais il y une échelle d’évaluation de la qualité qui va de A (excellente) à D (non conforme).
      J’ai cherché et je n’ai pas trouvé de statistique. Si quelqu’un possède l’information il ne faut pas hésiter à partager.

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  2. Mon cher grand frère, merci et bienvenue dans le merveilleux monde des environnementalistes. Je m’en réjouis! Comme la plupart des gens, les personnes qui liront ton blog savent très bien ce dont il est question parce qu’ils l’entendent aux nouvelles, le voient dans les journaux, s’en offusquent quelques minutes avant de passer à la section des sports.

    Comme dans toute situation inacceptable, ce n’est que lorsque l’indignation gagnera la majorité et que les pressions, non seulement celles des groupes déjà sensibilisés, viendront secouer les gouvernements. Malheureusement en ce qui a a trait aux enjeux environnementaux, les humains en général et nos classes dirigeantes en particulier, souffrent du syndrome de l’autruche d’après la légende selon laquelle ces grands oiseaux s’enfouissent la tête dans le sable lorsqu’elles ont peur, ce qui leur évite de voir ce qui les menace.

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  3. Au lac Brome l‘eau est testée régulièrement a la plage municipale et la qualité est généralement A, parfois B mais de temps en temps la plage est fermée du aux cyanobactéries. Etant un lac en territoire agricole il est étroitement surveillé par les autorités gouvernementales et aussi par Renaissance Lac Brome afin d‘assurer la sécurité des utilisateurs du lac. Je ne sais pas si le programme Pavillon Bleu est utilisé au lac Brome.

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