Maintenant que je me prétends écrivain et que j’ai de la difficulté à maintenir une discipline de travail, je me suis souvent demandé quel était le rituel de travail des grands écrivains de ce monde. J’ai trouvé réponse à ma question lorsque j’ai pris connaissance du livre de Mason Currey, Daily Rituals, How Artists Work. L’ouvrage contient plus de 161 exemples du rituel quotidien que des gens célèbres se sont imposés pour atteindre leur but. Ces personnes, tous des gens exceptionnels, sont des romanciers, des poètes, des peintres, des philosophes et des scientistes.
Nous y trouvons plusieurs témoignages d’écrivains tels Marcel Proust, Agatha Christie, Léo Tolstoï, Somerset Maugham, Truman Capote et plusieurs autres. La plupart s’imposaient un rituel d’écriture quotidien, souvent la nuit comme Gustave Flaubert, d’autres le matin à la levée du jour comme c’était le cas d’Ernest Hemingway qui écrivait, dès la levée du soleil, malgré des soirées souvent bien arrosées. Tous admettent avoir eu de la difficulté à maintenir le rythme et certains admettent s’être servi de béquilles pour y arriver. À ce chapitre, Jean-Paul Sartre demeure le cas extrême : dans la biographie d’Annie Cohen-Solal, elle décrit son quotidien : « Sa diète sur 24 heures, consistait de 2 paquets de cigarettes et de plusieurs pipées de tabac noir, 1 litre de vin, bière ou vodka, plusieurs grammes d’amphétamines, d’aspirines ou de barbituriques, sans compter le café, le thé et les repas copieux. » Qui aurait pensé que l’écriture pouvait être mauvaise pour la santé ?
J’ai porté une attention particulière à mon auteur fétiche, le prolifique John Updike qui a écrit des dizaines de livres dont la série Rabbit Angström qu’il a écrite sur une période de 20 ans. C’est cette série qui m’a fait comprendre que la vie au quotidien pouvait faire l’objet d’une œuvre littéraire. Updike, durant toute sa vie, a loué un minuscule espace de bureau au-dessus d’un restaurant dans le village d’Ipswich au Massachusetts où il écrivait durant 3 heures pour produire au moins de 3 à 4 pages par jour, c’est presque 1000 pages par année. Il travaillait tous les jours sauf le dimanche. Dans une interview, il a un jour déclaré : « Une routine régulière m’empêche d’abandonner. »
Durant des années, je ne peux compter les samedis et les dimanches où je me suis assis à ma table de travail pour écrire ce premier roman dont je rêvais. La tâche était ardue et j’ai souvent pensé que je n’avais peut-être pas la vocation de l’écriture. Ce n’est que lorsque je me suis astreint à une discipline quotidienne que j’ai enfin réussi à progresser. Ce n’est pas tant le nombre de mots que je peux écrire, c’est plutôt parce que je ne perds pas le fil de mes idées et que toute la journée l’intrigue semble se développer dans mon subconscient en préparation de la séance d’écriture du lendemain.
Mais, à lire les habitudes de travail de ces artistes, il est facile de comprendre que la clé de leur succès demeure un talent exceptionnel jumelé à une capacité de travail et à une discipline extraordinaire.
Bonjour Michel,
Quel beau travail de recherches!
Merci pour ces renseignements si pertinents et au plaisir de te lire.
Maria Landry
Travail de recherches remarquables. C’est vrai qu’il est difficile de maintenir le rythme mais je sais que tu es une personne persistante. Tu nous l’as prouvé par tes deux premiers volumes.
Merci de nous permettre de te lire.
Gilles
Bonjour M. Gratton
Votre article est intéressant. Ayant publié un livre, l’an dernier, chez le même éditeur, AU CARRÉ, je peux comprendre le défi pour un auteur de se discipliner. C’est, à mon avis, la plus grande difficulté de tout être humain et dans tous les domaines. Que ce soit sportif, les arts, la danse etc.
De mon côté, écrire mon livre GLOBE-TROTTER a été relativement facile puisque que c’était du vécu. Je n’avais qu’à taper BANGKOK, MOSCOU ou DAMAS, sur mon ordi et tous mes souvenirs revenaient à la surface. À travers mes conférences j’essaie de trouver le temps d’écrire un autre livre sur un tout autre sujet.
Au plaisir et félicitation pour votre travail.
Jacques Leclerc auteur et conférencier