Le chroniqueur de La Presse+, François Cardinal signe un texte intéressant intitulé « Mordecai mérite tellement mieux. » Le propos est pertinent et je vous encourage à le lire. Http://plus.lapresse.ca/screens/dfaf24a1-890f-4198-94b6-6f4708687410%7C_0.html
Mordecai Richler n’a pas une réputation enviable, mais l’on gagne à le lire et le connaître. J’ai récemment lu la biographie MORDECAI, THE LIFE & TIMES de Charles Foran un ouvrage qui a valu à son auteur le prix Charles Taylor pour une œuvre littéraire non romanesque. Les premières 100 pages se lisent comme un roman qui se déroule dans le Montréal des années 40-50. Vous y trouverez un point de vue bien différent de ce qui est souvent véhiculé. Je n’ai aucun doute que votre opinion sur cet auteur montréalais sera bien différente à la suite de la lecture de cette biographie.
Je trouve malheureux que Richler n’ait pas la reconnaissance qu’il mérite tant au Québec que dans le reste du Canada. Dans mon roman Le Candidat, je fais allusion à cet état de choses.
Pour vous mettre en situation : mon personnage principal Maxime Beaubien se présente à la mairie de Montréal. L’un de ses adversaires Carl Jodoin a inséré une taupe à l’intérieur de l’organisation de Beaubien. La conversation se déroule entre Maxime, Louise Boutet, son organisatrice en chef et sa conjointe Noémie qui est d’origine juive :
« J’ai commencé à avoir des doutes il y a deux semaines : l’organisation de Carl Jodoin semblait anticiper toutes nos actions: leurs réactions étaient trop rapides pour être spontanées. Tu ne trouves pas étrange que chaque fois que tu te présentes à un évènement, Jodoin y est passé quelques minutes avant toi, chaque fois que tu visites un arrondissement, Jodoin t’y précède la veille.’
‘J’ai de la difficulté à croire qu’ils auraient fait cela.’
‘Nous avons d’abord fait venir une firme spécialisée pour faire le tour de notre local de campagne pour voir s’il n’y avait pas des micros cachés dans nos bureaux. Ils n’ont rien trouvé. Puisque le phénomène était récent, nous avons fait le tour des bénévoles qui s’étaient joints à nous au cours des dernières semaines. L’exercice n’a pas été difficile : il n’y en avait qu’un qui avait accès à l’agenda et à tes discours : Jacques Dufresne.’
‘Ce n’était pas une de tes connaissances?’
‘Nous nous étions croisés à quelques reprises à l’Hôtel de Ville, mais c’est tout.’
‘On fait quoi?’
‘Nous avons le choix de le confronter ou de le piéger. Dans le premier cas, il niera tout et nous ne serons pas plus avancés. Nous avons donc choisi de le piéger. Aussi bien s’amuser, un peu.’ Noémie réagit :
‘Ça devient intéressant.’
Louise reçoit la remarque avec un petit sourire énigmatique.
‘Plus que tu ne le penses. Avec l’aide de Sarah, nous avons planifié une rencontre fictive avec des leaders de la communauté juive pour discuter du projet de pavillon commémoratif de Mordecai Richler dans le parc du mont Royal, un sujet délicat s’il en est un pour plusieurs francophones qui détestent Richler. Un sujet bonbon pour Jodoin.’
Noémie ajoute :
‘Richler est loin de faire l’unanimité dans la population juive; la prochaine fois que tu verras mon père, demande-lui ce qu’il pense de lui.’
‘L’objectif de la prétendue rencontre est de discuter de la possibilité de donner plus d’importance au pavillon commémoratif, une idée qui, sans aucun doute, soulèvera une polémique. »
(Extrait du roman Le candidat publié aux Éditions au Carré.)
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