Le gouvernement du Parti québécois nous annonce l’assurance autonomie, une nouvelle taxe, sous le prétexte de financer « le virage du maintien à domicile », un exercice qui vise à contenir les coûts qu’engendre le vieillissement de la population. C’est beau, c’est logique, c’est populaire. Qui peut être contre la vertu?
Il y a par contre un énorme gouffre entre l’annonce d’un programme gouvernementale et sa mise en place. L’exemple incontestable de ce phénomène est le programme des garderies à 5 dollars un programme dévoilé en 1997 par Pauline Marois alors ministre de l’Éducation et qui n’est pas encore disponible à l’ensemble des Québécois.
Un programme avec un objectif louable, mais qui a souffert d’une mauvaise évaluation des besoins réels et des ressources financières nécessaires pour mettre un tel programme en place d’autant plus que ce programme, comme tous les autres d’ailleurs, était offert à l’ensemble de la population au nom de la sacro-sainte universalité si chère à notre gauche québécoise.
Aujourd’hui, 15 ans plus tard, le programme coûte à la province plus de 2.4 milliards et n’est pas encore disponible à toutes les familles comme en font foi les longues listes d’attente.
Un autre exemple d’un beau programme que le gouvernement n’a jamais réussi à mettre en place est sans contredit le « virage ambulatoire » du ministre Jean Rochon annoncé en 1997, un programme qui devait écourter et même à éviter les séjours en milieu hospitalier en donnant davantage de services plus près des milieux de vie, au CLSC ou à domicile.
L’annonce de ce programme visait à compenser les conséquences du programme des départs volontaires mis en place par le gouvernement Bouchard pour réduire les dépenses de l’État, un programme qui a vu plus de 18 884 employés du réseau de la santé opté pour une retraie anticipée dont 4000 infirmières. Le « virage ambulatoire » a connu un succès mitigé comme le démontre la pénurie chronique d’infirmières dans le réseau de la santé.
C’est une chose d’annoncer des programmes qui ont l’apparence de résoudre un problème, c’est une autre chose de les mettre en place.
Le manque de planification, l’immuabilité de l’appareil de l’état et la résistance innée des fonctionnaires au changement sont des obstacles qu’aucun gouvernement n’a encore réussi à franchir. Avec son expérience, Madame Marois est bien au fait de cette réalité.
Devant cette constatation, un cynique pourrait croire que cette assurance autonomie ne serait qu’un subterfuge pour aller chercher plus d’argent dans les poches du citoyen.
Pour atteindre le déficit zéro, le premier ministre Bouchard avait choisi de réduire les dépenses et avait réussi à atteindre son objectif. Son « virage ambulatoire » n’était qu’un prétexte pour rassurer la population qui craignait une diminution de services et nous vivons aujourd’hui avec les conséquences de son échec.
La première ministre Marois est plus machiavélique et elle aussi a pour objectif le déficit zéro.
Elle n’a pas voulu courir le risque associé à une réduction de dépenses et elle a choisi une augmentation des impôts sous le prétexte d’un « virage du maintien à domicile ». Dans son for intérieur, elle doit bien se douter que son « virage » de 2013 est similaire au « virage » de 1997 de son prédécesseur et que les chances de le voir se réaliser sont faibles.
Le cynisme des citoyens envers les politiciens n’a d’égal que le cynisme des politiciens envers la population.
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