La Commission Charbonneau (CEIC) n’en est pas encore rendue là, mais elle joue avec le feu en présentant des témoignages d’apparatchik du monde politique comme les Martin Dumont, Bernard Trépanier et Gilles Cloutier.
Le terme maccarthysme tient ses origines d’une commission d’enquête présidée par le sénateur américain Joseph McCarthy au début des années cinquante et dont le but était de traquer des agents, militants ou sympathisants communistes aux États-Unis. La guerre froide sévit à ce moment et le sénateur en profite pour créer dans l’opinion publique une frénésie anticommuniste qui a débouché sur une série de dénonciations sans fondements.
À un moment donné, McCarthy a prétendu posséder une liste de 205 noms de personnes membres du Parti communiste et en poste au gouvernement. Aucune preuve de cette affirmation n’a pu être faite et le maccarthysme aujourd’hui est devenu synonyme de chasse aux sorcières.
La CEIC a été mise sur pied pour faire une enquête sur l’octroi et la gestion des contrats de l’industrie de la construction. La Commission a vu le jour dans un climat électoral et au milieu du « printemps érable » dont l’objectif visait beaucoup plus de se débarrasser du premier ministre Charest et de son gouvernement que de protester au sujet de la hausse des frais de scolarité.
Les allégations de collusion et de corruption soulevées par l’opposition et les médias ont créé des attentes pour la commission qui ont plus à voir avec le lynchage de politiciens qu’une enquête sur l’octroi de contrats.
À la vue du traitement réservé à Gérald Tremblay et Guy Chevrette, la commission s’est laissée distraire et est tombée dans le panneau. La naïveté des procureurs est apparente devant l’importance qu’ils ont donnée au témoignage des Dumont, Trépanier et Cloutier, des individus qui ont passé leur vie à vendre leurs services en exagérant leurs compétences et en prétendant posséder de l’influence auprès des élus et de l’appareil de l’état.
Or il n’en est rien. Il est vrai qu’ils sont utiles en période d’élections, mais au lendemain des élections les politiciens les prennent pour ce qu’ils sont et gardent leur distance, une réalité que ces peddlers d’influence n’avoueront jamais ni à leurs clients potentiels ni à eux même. Ils vivent dans un monde d’illusions créé par des demies-vérité qu’ils sont venus à croire et à faire croire à des procureurs naïfs et à des journalistes en quête de sensationnalisme.
Albert Einstein a dénoncé le maccarthysme comme « un danger plus grand pour notre société que ces quelques communistes qui peuvent être dans notre pays et ces enquêtes ont déjà largement miné le caractère démocratique de notre société. »
Suffit de changer le terme « communiste » par le terme « élus » et la dénonciation s’applique au Québec et à la CEIC.
Il est essentiel pour les commissaires d’être prudent et de se concentrer sur son mandat sinon le travail de la Commission risque dans l’histoire d’être connu comme du charbonneauisme, soit une chasse aux élus tout en passant à côté des véritables magouilleurs et, sur ce sujet heureusement qu’il a l’Unité permanente anticorruption (UPAC).
Et, si les commissaires ont besoin de motivation pour prendre leurs responsabilités, il serait bon de leur rappeler que le sénateur McCarthy a sombré dans l’alcoolisme et est mort, déchu et déconsidéré, dans l’indifférence générale.
Ton explication est vraiment fondé sur des principes au quels j’adhère. Le maccarthysme est une façon détournée de dévoiler des faits. J’espère, tout comme toi, que la commission va se concentrer sur son travail d’enquête.