Les enveloppes brunes qui circulent dans le monde politique contiennent souvent autre chose que de l’argent.
Un politicien d’expérience, devenu pragmatique avec les années, expliquait que sa stratégie lorsqu’il prenait la responsabilité d’un nouveau ministère, consistait, d’abord, à demander à ses hauts fonctionnaires de lui présenter leur liste de priorités.
La pire erreur qu’un ministre peut faire, disait-il, est de présenter aux fonctionnaires ses propres priorités sans avoir vérifié au préalable si ses objectifs correspondent à ceux des gestionnaires de l’État, ces réticents serviteurs du peuple, qui voient d’un mauvais œil l’arrivée de nouveaux représentants du peuple trop enthousiastes.
Les priorités des élus sont souvent des promesses électorales qui ont été avancées pour des considérations politiques, sans analyse approfondie des coûts et des conséquences, souvent inattendues, que pourrait avoir l’adoption de telles politiques.
Au début d’un mandat, il vaut mieux les mettre en veilleuse surtout si elles ne correspondent pas avec celles des hauts fonctionnaires qui, si c’est le cas, se sont déjà préparés à les démolir.
Les novices de la politique doivent donc faire face à une dure réalité : prendre le pouvoir est un euphémisme; le véritable pouvoir est entre les mains des mandarins de l’État.
Le nouveau ministre a donc avantage à écouter avant d’entrer dans son ministère comme un chien dans un jeu de quilles.
La guerre de pouvoir entre les élus et les fonctionnaires à Québec est insidieuse. Bien souvent, la tactique utilisée est sournoise et consiste à couler des informations potentiellement embarrassantes à l’opposition officielle, à des journalistes d’enquêtes ou au vérificateur général.
La nouvelle ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, cette activiste de gauche, est rapidement devenue une cible. Elle s’est fait mettre à sa place dès les premiers jours de son mandat lorsque le rapport de PricewaterhouseCoopers sur les redevances minières a été rendu public par une source inconnue. Comme par hasard, le rapport, qui défendait la position du gouvernement libéral et du ministère, a eu pour effet de donner à la nouvelle ministre une douche froide qui a ralenti ses ardeurs.
Il y a aussi lieu de mentionner sa tentative d’obtenir un bureau au siège social d’Hydro Québec, une demande qui n’a connu aucune suite et qui est disparu dans les méandres de l’appareil gouvernemental.
Ce coulage d’informations sert à ralentir les ardeurs, mais peut aller plus loin et devenir une lutte sans merci si l’élu veut trop en imposer. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé à Daniel Breton, l’ancien ministre du Développement durable qui a osé livrer une mise en garde aux commissaires du BAPE (Bureau d’Audience publique en Environnement). En moins de deux, des informations sur sa vie personnelle ont été ébruitées et il n’a pas eu d’autres choix que de démissionner.
Chaque fois qu’un scandale éclate au Québec, il y a lieu de se demander qui est la source de l’information et quels sont les motifs réels de ceux qui ont dévoilé l’information. Ces motifs peuvent être valables lorsqu’ils visent à dénoncer des situations anormales, mais elles deviennent inacceptables lorsque le but est de se débarrasser ou de neutraliser un élu du peuple un peu trop agressif et pas assez malléable au goût des fonctionnaires.
L’opposition, les journalistes d’enquête et le vérificateur général doivent tous être prudents lorsqu’ils utilisent ce genre d’informations pour ne pas devenir de simples courroies de transmission utilisées par les fonctionnaires pour des motifs qui ne sont pas valables. Mais, souvent, les informations et les allégations sont tellement juteuses.
Je suis d’accord qu’il faut jauger les motifs réels des mandarins de l’Etat pour neutraliser les élus, sauf que dans le cas de Daniel Breton, les vierges offensées de l’environnementalisme, qui estiment qu’il aurait tout de même été un bon ministre, font à mon avis fausse route. Ses bourdes au BAPE et sa situation personnelle, c’est lui qui en a été l’unique responsable. Pourquoi lui aurait-on confié de gérer des millions au ministère de l’environnement quand il ne pouvait pas gérer son logement !
Tout à fait d’accord avec toi André.Son manque de compétence et le manque de discernement de celle qui l’a nommé sont une toute autre histoire.
Je suis en accord avec les commentaires d’André.
Je me demande qui a pris la décision dans le cas d’André Boisclair, Est-ce Mme Marois ou M. Lisée ? Je crois que M. Lisée n’a pas su tenir tête à Pauline.
Gilles