Hier, les contribuables ont été mis à contribution, demain ce sera au tour des employés de l’État de faire leur part.
Le budget présenté par le ministre des Finances Nicolas Marceau était prévisible et s’inscrit dans une continuité des budgets des dernières années. Ce n’est ni un budget péquiste, ni un budget libéral, ni un budget caquiste, c’est un budget dicté par la situation économique du Québec, présente et à venir, un budget très loin du pelletage de nuages que représentent les promesses d’une campagne électorale.
Plusieurs analystes prétendent que le ministre des Finances a été forcé de tenir compte des signaux envoyés par les agences de notations. Ces agences ont été créées pour établir des critères et des paramètres qui permettent d’évaluer la santé financière des corporations privées et des gouvernements. Le Québec n’a pas le choix de tenir compte de ces critères pour maintenir sa santé financière. Une décote amènerait une augmentation des coûts d’emprunt et une augmentation du déficit.
Le niveau du déficit budgétaire d’un gouvernement, et les mesures prises pour l’atténuer sont des critères surveillés par ces agences de notations et, à ce chapitre, le Québec, pour l’instant, s’en tire bien.
Le déficit prévu est de 1.5 milliard, un montant auquel il faut ajouter une dépense extraordinaire et non récurrente de 1.8 milliard pour la fermeture de Gentilly-2. Ce déficit, décrié par certains comme un énorme trou laissé par les libéraux, doit être mis en perspective.
Nos voisins de l’Ontario anticipent un déficit de 14.8 milliards qui sera résorbé par un gel des salaires des enseignants, des médecins, des infirmières et de plus de 1.3 million des fonctionnaires de l’état. L’Ontario vise l’équilibre budgétaire pour l’année 2015-16.
La riche province de l’Alberta doit faire face à un déficit de 3 milliards, trois fois le montant anticipé. Comme au Québec, le gouvernement a annoncé une diminution de ses dépenses d’infrastructures, a imposé une limite sur les augmentations de dépenses des ministères et a avisé qu’il n’y aurait aucune augmentation de la masse salariale lors des prochaines négociations.
De son côté, le gouvernement fédéral anticipe un déficit de 25 milliards. Le niveau de ce déficit est considéré comme raisonnable et aucune mesure de réduction n’a été annoncée, bien que le ministre des Finances Flaherty maintient qu’il a développé diverses solutions dans l’éventualité où les conditions économiques qui causent ce déficit se maintiennent ou se détériorent.
Il est facile de deviner des baisses dans les paiements de péréquation, dans les transferts fédéraux en matière de santé et de programmes sociaux aux provinces, des mesures qui ne font que transférer les déficits aux provinces.
Les gouvernements n’ont aucun contrôle sur les facteurs économiques qui contribuent à augmenter les déficits budgétaires. Ces facteurs sont planétaires : diminution de la croissance économique, baisses des prix des matières premières, programme d’austérité de plusieurs gouvernements européens, sans oublier le risque que les États-Unis tombent dans un précipice fiscal.
Tous des éléments qui pourraient précipiter le Québec et le Canada dans une récession et, si pas une récession, placer notre économie dans une situation stagnante, sans espoir d’amélioration à court terme.
S’il n’y a pas d’amélioration à court terme, le déficit du Québec continuera à croître et le prochain budget du Québec devra prévoir lui aussi un gel des salaires dans la fonction publique, le plus important poste de dépenses de notre gouvernement. Dans son dernier budget, le contribuable a encore été mis à contribution. Dans le prochain budget, ce sera au tour des fonctionnaires à moins que l’économie reprenne de la vigueur, une situation peu probable.
Il est vrai que le budget Marceau n’est pas un budget péquiste, n’est pas un budget libéral et n’est pas un budget caquiste. Il est vrai également que c’est un budget dicté par la situation économique du Québec mais c’est aussi et surtout le budget d’un gouvernement minoritaire qui est coincé et ne peut agir de façon téméraire financièrement. Cela étant dit, malgré que ce gouvernement marche sur des oeufs, des réactions démontrent l’insatisfaction de plusieurs face à ce budget. Entre autres, la Fondation de l’Association des restaurateurs n’est pas très heureuse de l’augmentation des vins et spiritueux et du laps de temps alloué pour l’ajustement. Les représentants de l’industrie du tabac non plus ne sautent pas de joie par l’augmentation des prix et des taxes sur leurs produits qui ne feront qu’encourager les contrebandiers. De plus, les travailleurs expérimentés et les aînés sont laissés pour compte dans ce budget. Les médecins seront-ils ouverts à ce que le gouvernement viennent jouer dans leur rémunération ? À suivre !