Durant les 35 derniers jours, les partis politiques ont fait la cour aux électeurs qu’ils avaient identifiés comme leur clientèle cible en leur disant ce qu’ils voulaient bien entendre.
Le Parti libéral (PLQ) a promis la stabilité économique et politique aux personnes âgées, aux allophones et aux anglophones. Le Parti québécois a parlé de référendum et de protection de la langue française pour satisfaire ses partisans indépendantistes et ses électeurs d’Almouski (j’utilise ici un nom fictif pour ne pas outrer la population d’un village en particulier) unilingues francophones, frustrés parce que la population montréalaise est bilingue, souvent multilingues, et qui aimeraient renverser la tendance qui fait de Montréal l’une des grandes villes cosmopolites de l’Amérique du Nord. Pour ce qui est de la Coalition Avenir Québec (CAQ), elle a promis du changement à tous ceux qui voulaient du changement.
Les journalistes nous ont offert des reportages sur tout et sur rien — 10 manifestants à Victoriaville pour le congrès des jeunes libéraux — et les analystes se sont évertués à commenter les sondages en tirant de grandes conclusions sur des variations d’un pour cent alors que la marge d’erreur se situait entre trois et cinq pour cent. À les entendre, ce ne sont pas eux qui ont fait une erreur, c’est la faute à Jean Charest qui a déjoué les attentes, tant des analystes politiques que des savantes firmes de sondage. Allez comprendre.
La population a écouté les débats, entendu les promesses, suivi le match électoral et est allée voter se doutant fort bien que le lendemain de l’élection plus rien ne tiendrait pour une multitude de raisons réelles et imaginaires.
Les jeux sont faits et Madame Marois se retrouve maintenant sur la sellette, à la tête d’un gouvernement minoritaire et d’un parti souverainiste dont une grande partie de militants se sont tus depuis deux mois pour ne pas trop effrayer la majorité de québécois qu’ils n’ont pu rallier à leur cause après presque 50 ans de débats. Ces derniers vont revenir à la charge et demander à Pauline Marois de légiférer, d’une part, pour forcer ceux qu’ils n’ont pas convaincus à se soumettre à leurs idées et d’autre part, pour accélérer l’assimilation des anglophones et allophones de la région montréalaise. Chicane garanties à l’intérieur du PQ et perturbations sociales assurées à Montréal.
Les pressions exercées par les ultranationalistes occuperont la première ministre à court terme, mais la situation économique du Québec deviendra vite sa priorité. Les statistiques économiques laissent entrevoir des tendances inquiétantes : le secteur manufacturier est en déclin, la qualité des emplois créés n’est pas à la mesure des emplois perdus, et la province n’a plus les moyens financiers d’effectuer des dépenses en infrastructures pour maintenir son économie à flot. Le keynésianisme a des limites. Il ne restera qu’une solution : Pauline Marois devra réduire les dépenses en diminuant la taille de l’état et en améliorant sa productivité, deux solutions avec lesquelles le PLQ et la CAQ sont d’accord. Le projet de réingénierie de l’état du PLQ en 2008 avait cet objectif et la CAQ, cette année, avait une série de mesure pour atteindre ces mêmes objectifs.
La table est mise pour une coopération entre tous les joueurs à l’Assemblée nationale pour trouver des solutions et faire front commun face à une fonction publique qui prône le statu quo et à la multitude d’organismes publics qui protègent leurs intérêts particuliers en tentant de justifier leur existence.
Bonne chance Mme Marois! Avec en plus une croissance économique qui se chiffrera près du 1% au lieu du 2% évoqué dans son cadre financier, les défis sont de taille.
Par ailleurs, le bilinguisme (francais/anglais) est ce que nous devrions pouvoir offrir minimalement à nos enfants… et bientot nous devrions envisager leur apprendre le mandarin!!!
En fait, le projet de la réingénierie de l’Etat au PLQ date de 2003.
Oui la table est mise pour une coopération entre les partis politiques ayant une place à l’Assemblée nationale, mais je crains bien que la soif du pouvoir, de part et d’autre, risque fortement de compromettre cette coopération.