L’acquisition possible de Rona par Lowes arrive au beau milieu d’une campagne électorale dominée par des clips de 30 secondes et des tweets de 140 caractères. Dans ce dossier, la réaction des politiciens a été normale dans les circonstances et ils ont tout simplement imaginés des déclarations conforment aux attentes de l’électorat.
Madame Marois a annoncé la création d’un fonds du 10 milliards $ à même les actifs de la Caisse de dépôt et a promis de modifier la loi sur les sociétés par actions pour forcer les entreprises à tenir compte non seulement des intérêts des actionnaires, mais aussi celui des travailleurs, des fournisseurs et de la collectivité. Elle a sans doute suivi le cours d’administration du professeur Lauzon.
Monsieur Legault pour sa part n’a pas dit grand-chose sauf qu’il a doublé à 20 milliards $ le montant de la ponction à prendre dans le bas de laine des Québécois. Pour sa part, monsieur Charest parle de la création d’un fonds de 1 milliard $ qui sera consacré au financement d’acquisitions étrangères et Raymond Bachand veut changer la loi pour que les conseils d’administration aient plus de pouvoirs pour contrer des tentatives de prise de contrôle hostile.
Les politiciens de tout acabit devraient être persona non grata à la Caisse de dépôt; la Caisse n’a qu’un seul mandat soit celui de gérer nos rentes de façon prudente et de nous assurer un rendement et cela elle doit le faire sans ingérence politique.
Le plus grand changement économique de la décennie est sans contredit la mondialisation des échanges commerciaux et la tentation des politiciens face à cette évolution est d’adopter des mesures de protectionnisme, des mesures qui sont toujours vouées à l’échec, même si motivées par un nationalisme populaire, mais trop souvent réducteur.
Plusieurs entreprises du Québec inc. ont compris qu’elles devaient devenir multinationales: la firme de conseil Génivar et CGI ont toutes les deux effectué des acquisitions au Royaume-Uni, alors qu’Aliments Couche-Tard a acheté Statoil Fuel & Retail en Norvège et que Cogeco Cable a effectué l’acquisition d’Atlantique Broadband qui opère dans l’est des États-Unis.
D’ailleurs, contrairement à ce que certains politiciens veulent nous laisser croire, la Caisse de dépôt est présente et a participé aux acquisitions effectuées par CGI et Genivar. Le motif de l’intervention de la Caisse n’avait cependant qu’un objectif : le rendement. Rien d’autre.
Le gouvernement ne possède ni les moyens financiers, ni l’expertise, ni les compétences pour s’ingérer sur le terrain des multinationales.
Pour mettre les choses en perspective, revenons sur l’acquisition d’Alcan par Rio Tinto. Madame Marois lors de son intervention dans le stationnement d’une quincaillerie Rona, et encore lundi soir durant le débat, a affirmé que « l’acquisition de la multinationale Alcan — si présente au Saguenay-Lac-Saint-Jean — par Rio Tinto aurait pu être évitée, grâce à son fonds stratégique.» Un fonds de 10 milliards $, je vous le rappelle, créé à même les actifs de la Caisse de dépôt.
L’acquisition d’Alcan a coûté 39 milliards $ à Rio Tinto. L’acquisition date de l’année 2007 alors que les perspectives économiques prévoyaient une croissance rapide des besoins en fonderie et raffinerie. La crise économique qui a suivi a déjoué les plans de Rio Tinto avec le résultat qu’elle a dû effectuer une radiation de 8,9 milliards $ de son coût d’acquisition.
Ni la Caisse de dépôt, ni Investissement Québec, ni le gouvernement du Québec n’ont les moyens de prendre ce genre de risque pour quelques motifs que ce soit.
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