Chaque fois que je vois le nom de Régis Labeaume dans un article ou que j’y vois la binette à la télévision, je dois prendre une grande respiration pour me désénerver. Au début de son mandat, il était divertissant et il a marqué des points. Il faut tout de même lui donner crédit pour n’avoir pas hésité à s’attaquer à certaines vaches sacrées du monde municipal comme les conventions syndicales blindées, les riches fonds de pension et le déséquilibre fiscal entre le provincial et le municipal. Puis, pour moi, les choses se sont gâtées avec l’histoire de son amphithéâtre et là j’ai décroché. Toute la population du Québec doit maintenant subventionner un équipement sportif et culturel pour la ville de Québec sous prétexte que : « Toute grande ville comme Québec doit avoir un amphithéâtre » et en sous-entendu, une équipe de hockey professionnelle de la Ligue nationale de hockey.
Peut-on, une fois pour toutes, rétablir les faits : la ville de Québec n’est pas une grande ville. Avec ses 727 445 personnes, la région de Québec ne figure même pas parmi les 500 grandes villes du monde. Parmi les villes avec une population de plus de 1 000 000, Montréal figure au 112e rang avec sa population de 3 824 221 personnes. La ville de Gwâlior aux Indes est la dernière, au 491e rang, avec ses 1 002 697 personnes. J’ai eu beau chercher sur le web pour savoir si Gwâlior possédait un amphithéâtre, mais, peine perdue, je n’ai rien trouvé, mais cette ville partage tout de même quelque chose avec la ville de Québec, son principal attrait touristique est la citadelle de Gwâlior.
Lorsque j’ai lu que le maire Labeaume avait été invité par la Chambre de commerce et d’industrie de la Rive-Sud, je n’ai pas hésité un instant et j’ai acheté un billet. J’imaginais que le personnage viendrait nous donner, nous les Montréalais, une leçon en gestion municipale et en technique de négociation avec nos élus des niveaux dits supérieurs. Lui, a obtenu des fonds pour se construire un amphithéâtre alors que nous avons de la difficulté à obtenir des fonds pour réparer le pont Champlain et l’échangeur Turcot, deux importantes infrastructures en désuétude et qui, selon certains, représentent un danger d’effondrement. Je ne pouvais attendre d’assister à sa conférence et j’avais déjà en tête un titre pour mon billet que j’avais l’intention de rédiger pour mon blogue : « Quand un maire des ligues mineures veut donner une leçon à un maire des ligues majeures. » Je me suis donc rendu à la conférence à l’hôtel Mortagne à Boucherville avec mes préjugés.
J’ai d’abord été désappointé par le jeune homme qui a agi à titre de maître de cérémonie; il n’a rien trouvé de mieux que de nous annoncer qu’il était un partisan des Nordiques et qu’il ne pouvait attendre pour assister aux parties des Nordiques au nouvel amphithéâtre à Québec, un voyage qui lui prendrait moins de temps que de se rendre au Centre Bell par le pont Champlain. Je suggérerais à ce jeune homme de faire parvenir son curriculum vitae à la Chambre de commerce de Québec. Deuxième désappointement, le maire Labeaume s’est présenté au podium en nous annonçant qu’il nous ferait le même discours qu’il avait fait la semaine précédente à Québec. Nous seulement nous a-t-il servi du réchauffé, mais il s’est limité à nous lire son texte verbatim. Aucune félicitation pour l’effort.
Je dois cependant admettre que je souscris au contenu de sa présentation; il n’est pas le premier à dénoncer les faiblesses et difficultés causées par le manque de pouvoir et de moyens des élus municipaux; il est en fait, le dernier d’une longue liste, mais il a le talent de présenter la situation d’une façon claire et précise. Des représentants syndicaux ont eu l’impression d’assister à un discours des années 1970 et ils ont tout à fait raison; c’est depuis les années 1970 que la situation est dénoncée par les élus municipaux, d’une façon polie, souvent par l’entremise du président de l’UMQ, ou encore lors de rencontres privées avec les élus provinciaux et puis rien ne change. Le maire Labeaume est un interlocuteur populaire auprès des médias et il fait bien de tenter de déplacer le débat sur la place publique.
J’ai été maire de Saint-Lambert dans les années quatre-vingt et j’ai été à même de vivre et de constater les lacunes dénoncées par le maire de Québec, mais il aurait été tellement plus rassurant de voir les recommandations qu’il propose, incluses dans un projet de loi présenté par le ministre des Affaires municipales Laurent Lessard, après tout c’est lui le responsable du niveau municipal. Monsieur le Ministre a dû oublier qu’il a été maire de la ville de Thetford Mines au début des années deux mille.
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