Rebel without a cause (La fureur de vivre) est un film américain de Nicholas Ray, mettant en vedette James Dean. Le film, sorti en 1955, est rapidement devenu un film culte pour les jeunes Américains, qui se reconnaissaient dans ce jeune, qui arrive à une nouvelle école secondaire pour être confronté par la brute de l’école qui cherche à l’intimider. Non seulement a-t-il des difficultés à l’école, mais au même moment, il se révolte contre ses parents à qui il refuse d’obéir. Le symbolisme est évident: la brute est Jean Charest et le gouvernement l’autorité parentale. Xavier Dolan n’aura pas à aller très loin pour son scénario de film sur le conflit étudiant.
À l’époque, Rebel without a cause a dépassé les frontières américaines et toute une génération s’est identifié à James Dean, à ses jeans, son t-shirt et, vous l’aurez deviné,son gilet rouge.
Les jeunes de chaque génération se révoltent. J’ai fait mes études durant les années soixante, une période tumultueuse où l’une des causes était la langue, pas la prépondérance de notre langue, mais l’absence du français dans plusieurs de nos activités quotidiennes. Suffit de penser aux employés de chez Eaton ou encore aux menus unilingues anglais dans les restaurants du centre-ville, un problème qui s’est rapidement résolu, lorsque les étudiants se sont mis à occuper les restaurants à l’heure du midi en ne commandant que des cafés sous prétexte qu’ils ne pouvaient lire les menus rédigés en anglais. Si je me souviens bien, plusieurs restaurateurs avaient appelé la police. Ceux-ci se présentaient et demeuraient dans leur voiture un large sourire sur le visage.
C’était aussi l’époque où la population anglophone dominait le monde des affaires. j’avais été piqué au vif par la déclaration de Donald Gordon, alors président du Canadien National (CN) qui prétendait que les francophones: «n’avaient pas les compétences requises pour combler un poste de vice-président au CN. » À la suggestion de l’un de mes professeurs, je me suis inscrit en administration des affaires à l’université Western Ontario. C’est là que j’ai vite compris que je pouvais très bien compétitionner avec le ROC (Rest of Canada) et dans le ROC. C’est aussi durant ces deux années dans cette ville universitaire de l’ouest de l’Ontario que j’ai vu des manifestations les soirs d’Halloween et de la Saint-Patrick, des manifestations qui ressemblaient en tout point à ce que nous vivons: vitrines de commerce en éclat, voitures de police incendiées et briques lancées aux policiers. Lorsque j’ai demandé à l’un de mes confrères étudiants les raisons de la manifestation la réponse m’a surpris:« Aucune, nous n’avons aucune excuse pour manifester. Vous, vous êtes chanceux au Québec parce que vous avez plusieurs excuses. »Nous sommes fin des années soixante. Le dix-neuf mars de cette année une voiture de la police de London a été incendiée et des propriétés privées vandalisées le soir de la Saint-Patrick. Plus ça change…
Les jeunes donc se révoltent et manifestent, suffit de leur donner une excuse. L’augmentation de frais de scolarité a d’abord été l’excuse pour se révolter contre l’autorité, personnifiée par l’impopulaire premier ministre Jean Charest. La contestation ne pouvait durer avec une excuse aussi faible et les jeunes s’en sont vite rendu compte. La population ne suivait pas. À partir de ce moment, toutes les excuses ont été invoquées du manque d’accessibilité, au capitalisme en passant par la mauvaise gestion des universités et les multinationales, et puis s’est présenté l’Excuse avec un grand E, la loi soixante-dix-huit…
La mobilisation des manifestants est facilitée par les réseaux sociaux et amplifiée par les émissions de nouvelles continues qui se gavent à qui mieux mieux des mêmes images, soir après soir, au risque d’écoeurer leur propre auditoire.. L’existence de ces facilitateurs de communications n’explique pas cependant la résilience de ces manifestations et la négation du respect de la loi.
L’arrogance des jeunes face au gouvernement ne peut exister que si les jeunes se sentent appuyés et légitimés. Les grandes centrales syndicales ont été les premières à exprimer leurs appuis; les tactiques utilisées par les étudiants ressemblent étrangement à celles utilisées récemment pour contester les nouvelles réglementations dans le domaine de la construction. Il n’y a rien de surprenant à voir les syndicats se mêler d’un tel conflit. Mais, que le Part Québécois, un parti qui a l’ambition de former le prochain gouvernement, affiche son appui aussi ouvertement à un groupe qui prône la désobéissance civile n’est pas seulement irresponsable, mais pu d’un électolarisme qui dépasse les bornes.
Laisser un commentaire